Inauguration

17 Apr
17/04/2025 11:15

INSA Lyon

Inauguration de la promenade Jeanne Barret

Une inauguration autour d'une conférence de Côme Girschig, auteur conférencier sur la désirabilité de l'écologie.

Jeanne Barret, première femme à faire le tour du monde en se déguisant en homme, est célébrée à l'INSA Lyon.

Cette inauguration présentera l'évolution du campus INSA Lyon en matière de végétalisation et de biodiversité, tout en retraçant le parcours exceptionnel de Jeanne Barret, dans le cadre d'une conférence sur les enjeux des transitions. En son temps, Jeanne Barret a entrepris un incroyable combat pour la liberté, celle des femmes bien sûr, mais aussi de la connaissance, avec pour ambition de casser les codes et de se libérer des carcans. En s'inspirant de ce destin exceptionnel, Côme Girschig propose un nouveau cadre de réflexion sur les transitions écologiques. Et si, au fond, toute cette histoire n'était qu'une question d'imaginaires ? Et même de désir ? À l'apparence excentrique, cette approche pourrait bien révolutionner la façon de mettre en œuvre les transitions, bien au-delà des indispensables mesures de décarbonation. 

Gratuit sur inscription : Je participe

Additional informations

  • Campus LyonTech - La Doua - Amphithéâtre Gaston Berger - Villeurbanne

31 Mar
31/Mar/2025

INSA Lyon

Jeanne Barret à l'INSA Lyon : une inauguration en l'honneur de l'audace et de la transition écologique

Jeanne Barret, première femme à faire le tour du monde en se déguisant en homme, est célébrée à l'INSA Lyon. Son nom, inscrit dans l’histoire comme exploratrice audacieuse et pionnière des sciences, est désormais associé à un axe vert sur le campus. Son inauguration marque une nouvelle évolution sur le campus de la Doua, en matière de biodiversité et de végétalisation, tout en rendant hommage à son héritage et en proposant une réflexion sur les enjeux des transitions écologiques.

Un début modeste mais audacieux
Jeanne Barret naît en 1740 dans le village de La Comelle, en Bourgogne, dans une famille modeste. Très tôt, elle montre un intérêt pour les sciences et la botanique. À l'âge de 26 ans, elle rencontre le naturaliste et médecin Philibert Commerson, qui deviendra son compagnon de voyage. En tant qu'assistante de Commerson, elle l'accompagne dans ses travaux de collecte et de classification des plantes lors de ses explorations, mais ses connaissances en botanique ne suffiront pas à éviter les difficultés auxquelles elle fera face lors de son aventure.

Le voyage autour du monde
En 1766, Commerson obtient une place à bord de l'expédition de Louis-Antoine de Bougainville, le premier Français à faire le tour du monde. À cette époque, les femmes étaient exclues des voyages en mer. C'est alors que Jeanne Barret décide de se travestir en homme pour pouvoir accompagner Commerson sans être détectée. Elle adopte le nom de Jean Barret et embarque ainsi à bord du « Boudeuse », le navire de l'expédition, en tant qu'herboriste. Tout au long du voyage, elle aide Commerson dans ses recherches botaniques, collectant des spécimens rares et inédits, et c’est à elle que l’on doit la découverte et la récolte de nombreuses plantes jusque-là inconnues en Europe, notamment en Amérique du Sud et en Océanie.

La révélation et la reconnaissance
Au cours du voyage, la véritable identité de Jeanne Barret finit par être découverte, mais au lieu d’être réprimandée, elle est saluée pour son courage et son rôle essentiel dans l’expédition. En 1776, après avoir débarqué à l'île Maurice, Jeanne Barret et Commerson sont enfin autorisés à quitter le navire et à revenir en France. À son retour, elle est reçue avec respect par les scientifiques et les naturalistes, qui reconnaissent ses contributions exceptionnelles aux travaux botaniques.

Un héritage important
Aujourd’hui, Jeanne Barret est célébrée comme une pionnière dans l'histoire des sciences naturelles et des voyages d'exploration. Son histoire rappelle à quel point les femmes ont été souvent invisibilisées dans les récits historiques, malgré leurs contributions exceptionnelles. En redécouvrant son parcours, on rend hommage à une femme dont le courage et la détermination ont permis de briser les conventions de son époque et d'influencer le domaine scientifique.

L'INSA rend hommage à Jeanne Barret
L'INSA Lyon a choisi de nommer l'un de ses axes principaux en l’honneur de Jeanne Barret. Ce geste souligne l’engagement de l’établissement pour l’innovation, la science et l’inclusion des femmes dans les domaines techniques. En attribuant son nom à cet axe, l'INSA rend hommage à son parcours exceptionnel et inspire les jeunes générations à s'engager dans des carrières scientifiques.

L'inauguration de l'axe Jeanne Barret à l'INSA Lyon : une célébration de l'héritage scientifique et de la transition écologique
L'inauguration de l'axe Jeanne Barret à l'INSA Lyon met en lumière l'engagement du campus pour la biodiversité et la transition écologique. Cet événement rend hommage à l'exploratrice tout en explorant les enjeux écologiques actuels. Lors de sa conférence inaugurale, Côme Girschig proposera une réflexion novatrice, soulignant que les transitions ne se limitent pas aux aspects techniques, mais nécessitent aussi une révision des imaginaires collectifs. Inspirée par l’audace de Jeanne Barret, cette approche invite à repenser les solutions écologiques de manière plus inclusive et créative.

Inauguration de la promenade Jeanne Barret
Jeudi 17 avril 2025 à 11h15 - Amphithéâtre Gaston Berger - Ouvert à toutes et tous

 

Illustration : Portrait de Jeanne Barret (1740-1807) par Cristoforo Dall'Acqua (1734-1787)

 

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21 Oct
21/Oct/2022

Recherche

Inauguration de 3 nouvelles plateformes de recherche sur le campus 

Le mardi 18 octobre 2022, les laboratoires MatéIS et CREATIS ont inauguré trois nouvelles plateformes de recherche sur le campus de Lyon-Tech-La Doua, dont deux en imagerie scientifique. Il s’agit d’un investissement total de près de 4,3 millions d’euros au service de l’excellence scientifique du site Lyon-Saint-Etienne et du développement du territoire. 

En présence des représentants de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de la région académique Auvergne-Rhône-Alpes, cette inauguration a permis aux personnels et aux étudiants de l’INSA de découvrir ces trois nouvelles plateformes. 

FabéA, une plateforme de Fabricabilité Additive Métallique porté par le laboratoire MatéIS met à disposition de la communauté Auvergne-Rhône-Alpes un outil de test de la fabricabilité de poudres métalliques avec comme dispositif central, une tour d’atomisation capable de produire des poudres d’alliages de composition maîtrisée. Elle permettra la réalisation de projets industriels de R&D ou de projets de développement technologique en lien étroit avec le tissu industriel de la région. Cette plateforme prend le pari de l’innovation technologique de la fabrication additive tout en maintenant une partie de son activité future dans des études plus larges de la métallurgie des poudres (fourniture des poudres, conception de nouveaux alliages, études de transformation des poudres par MIM et frittage).

Montant financé : 480 000 € (240 K€ par la Région Auvergne-Rhône-Alpes (fonds IRICE) et 240 K€ par MatéIS) 


double tomographe à haute énergie DTHELes laboratoires MatéIS et LaMCoS ont fait l’acquisition d’un scanner unique au monde : un double tomographe à haute énergie permettant de multiplier et d'enrichir les possibilités d’analyse de pièces de grandes dimensions en matériaux absorbants comme le titane, le fer ou le nickel, le DTHE. En permettant notamment des acquisitions au moins deux fois plus rapides qu’un tomographe classique.

Conçu par une PME française, la société RX Solution implantée près d’Annecy, après une procédure d’appel d’offre internationale, cet appareil fédère plusieurs laboratoires du campus : MatéIS, LaMCoS, CREATIS, IMP, LGL, LVA.     

Coût : 1 300 000 € (dont 650 K€ de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (fonds IRICE), 270 K€ par l’INSA Lyon, 45 K€ par le CNRS, 200 kE par l’institut Carnot I@L et 135 K€ des laboratoires Lamcos, MatéIS, LGL)


Le système à très haut champ magnétique IRM 11,7 T porté par CREATIS et installé au sein de sa plateforme ouverte PILoTLe système à très haut champ magnétique IRM 11,7 T porté par CREATIS et installé au sein de sa plateforme ouverte PILoT, vient compléter les équipements lyonnais dans le domaine de l’imagerie du vivant. Il permet aux chercheurs de réaliser, de manière non invasive, des observations in vivo pour accéder à des informations morphologiques, structurelles, fonctionnelles et métaboliques chez le petit animal (rat, souris) pour mieux comprendre les mécanismes du vivant, L’IRM 11,7T bénéficie autant des compétences des ingénieurs de la plateforme qui l’opèrent, que de l’expertise des chercheurs du laboratoire qui développent des techniques avancées d’imagerie.

Cet équipement est le 1er de ce type associé à l’électronique NEO en France (30 dans le monde). Financé par l’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le CNRS, il complète les équipements de l’infrastructure France Life Imaging (FLI) répartis sur tout le territoire national et celle de la recherche académique et industrielle de la région. Conçu par la société Bruker, cet équipement de recherche offre la possibilité de développer des méthodes d’imageries innovantes et de les associer pour obtenir des informations quantitatives multiparamétriques complémentaires sur un même sujet d’observation. 

Cet équipement IRM est un nouvel atout pour Lyon et la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il participe à la compréhension des phénomènes physiologiques en neurologie, cardiologie, oncologie. Il participe à la dynamique transdisciplinaire du site entre acteurs de l’imagerie mais aussi entre des domaines aussi divers que la physique, la chimie, la biologie et la médecine. Il alimente enfin un équilibre déjà remarquable entre recherches fondamentales, précliniques, cliniques et industrielles.

Accompagnés par Jean-Luc Duplan, Directeur régional académique adjoint à la recherche et à l'innovation, représentant Olivier Dugrip, Recteur de la région académique Auvergne-Rhône-Alpes, Recteur de l'académie de Lyon, Chancelier des universités, Catherine Staron, Vice-présidente déléguée à l'Enseignement supérieur, à la Recherche et à l'Innovation de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Anne-Christine Hladky, Directrice adjointe scientifique de l’Institut des sciences de l’ingénierie et des systèmes du CNRS (INSIS-CNRS), Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon, et Ruben Vera, Vice-Président de Lyon 1 plateformes et conseiller technique aux grands équipements, Eric Maire, Directeur du laboratoire MatéIS et Olivier Beuf, Directeur du laboratoire CREATIS ont inauguré ces nouvelles plateformes de recherche sur le campus de Lyon-Tech-La Doua. 

 

La région Auvergne-Rhône-Alpes est la première région industrielle de France : « Ces plateformes technologiques permettront à des acteurs de la santé, de l’aéronautique, de l’énergie et de l’industrie de notre région d’accéder à des expertises et des équipements de niveau mondial » souligne Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon, avant d’ajouter : « Contribuant à renforcer le très haut niveau de collaboration scientifique entre Lyon 1, l’Université Jean Monnet, le CNRS, l’INSERM, l’Institut Carnot et l’INSA, ces projets s’inscrivent dans une très belle dynamique du site Lyon-Saint-Etienne. »

 

 

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04 Oct
04/Oct/2022

INSA Lyon

« Pour savoir ce que l’on ne sait pas, il faut déjà savoir ce que l’on sait »

La vérité scientifique ; quelle est-elle ? Comment est-elle conçue ? Comment est-elle mise à l’épreuve par une époque qui exhorte à la vitesse, à la synthèse et à la réduction ? Comment les métiers scientifiques et techniques doivent-elles s’y confronter ? 
Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences, partage son diagnostic sur « la Vérité » : une notion qui invite à un test d’intelligence collective « dont on ne sait pas s’il sera réussi, ou pas ». Entretien.

Comment définir la vérité scientifique ?
C’est une vérité qui comporte plusieurs seuils. Il y a d’abord des vérités scientifiques qui sont vraies pendant un temps, et qui peuvent devenir complètement fausses, comme certaines théories balayées par l’avènement de la relativité d’Einstein par exemple. Ensuite, il y a des vérités qui seraient difficilement contestables ou remaniables comme par exemple remettre en question l’existence de l’atome ou que la Terre est ronde plutôt que plate… Ce sont les théories « béton », quoi. Et puis il y a des vérités qui restent des vérités, mais qui réclameraient une reformulation pour tenir compte des nouveautés que l’on a apprise. Un exemple que j’aime citer, c’est une phrase qui est l’exemple typique de la vérité scientifique mal dite. « La Terre tourne autour du soleil » : si vous décrétez que ce n’est pas vrai, vous passez pour un antiscience radical. Or, cette formulation est fausse dans la mesure où, lorsque vous dites « la Terre tourne autour du soleil », vous sous-entendez que le soleil est un centre, plutôt qu’un référentiel particulier. Ici, ça n’est pas que la vérité est devenue fausse, c’est que la façon de la dire est devenue désuète. 

La vérité scientifique pourrait-elle être un « outil » pour faire une société meilleure ?
Il faudrait qu’elle soit d’abord comprise. J’ai été choqué de la façon dont on a malmené la science et la recherche durant la crise Covid. On avait là l’occasion, historique sans doute, de faire de la pédagogie scientifique. Je pensais que l’on allait pouvoir expliquer « ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas », mais les scientifiques ont très rapidement été abandonnés pour laisser place à des controverses prématurées, personnalisées et parfois factices avec des gens qui disaient « je pense que », avis dont nous n’avions absolument rien à faire. En Allemagne, Angela Merkel ne disait pas, « le professeur untel pense que… ». Elle disait, « les scientifiques disent que… ». On a complètement oublié la notion collective de la recherche et en France, contrairement à d’autres pays européens, la confiance en la science s’est effondrée pendant la crise.

Qu’est-ce qui fait que selon vous, nous n’avons pas été capables en France de se saisir de ce moment historique pour faire de la pédagogie sur la vérité scientifique ? 
Je n’ai pas vraiment d’explication ; je constate seulement que les chercheurs qui étaient impliqués au tout début de la crise dans les médias et qui s’étaient retrouvés à répondre « nous ne savons pas », n’ont plus jamais été invités par la suite. En France, on a l’idée qu’un savant doit pouvoir répondre à toutes les questions, donc la parole de ces gens a été rapidement délaissée pour des gens qui avaient réponse à tout, y compris aux questions dont personne ne connaissait la réponse. On a donné une prime à l’arrogance plutôt qu’à la compétence. À cela s’ajoutent aussi tous les biais cognitifs bien connus : en période de confusion, on accorde son crédit aux paroles qui nous rassurent. Plus encore, il y a eu une grande confusion entre la science et la recherche. La science est un corpus de connaissances qui est, par nature, incomplet. Ces connaissances sont des réponses à des questions bien posées ; réponses que l’on peut contester, mais avec des arguments scientifiques et non pas avec son ressenti. Par ailleurs, nous nous posons des questions dont nous savons que nous n’avons pas les réponses : c’est ce dont on doute. Et ce doute-là, c’est le moteur de la recherche. 

La question du « doute » est quelque chose qui est difficilement compris et accepté par la société civile, n’est-ce pas ? 
Le mot « doute » fait référence à l’ignorance, mais il ne s’agit pas ici de l’ignorance des ignares ; mais de l’ignorance des savants. Pour savoir ce que l’on ne sait pas, il faut déjà savoir ce que l’on sait ; ce qui n’est pas donné à tout le monde. Lorsque l’on confond la science et la recherche comme pendant la crise Covid, le doute propre à la recherche vient coloniser même l’idée même de science. Et puis, on finit par confondre la science et le doute. Pourquoi faudrait-il donc écouter les scientifiques, s’ils doutent ? Confondre la science et le doute discrédite forcément les scientifiques, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Donc je pense que c’est impératif de faire la distinction entre la science et la recherche : il y a ce que l’on sait, et ce dont on doute. Ce sont deux choses qui sont liées mais qui sont très différentes. 

Vous parliez des biais cognitifs plus tôt. Est-il important de rappeler qu’entre vérités et croyances, notre société de la hâte, a gommé la frontière pourtant nécessaire entre les deux notions ?
Notre cerveau, par construction, n’aime pas être contredit. Avant qu’il y ait le numérique, les gens de gauche ne lisaient pas le Figaro, et les gens de droite ne lisaient pas Libération, parce qu’ils voulaient que le compte-rendu des actualités qui collent à leur façon de lire le monde. Sauf qu’avec le numérique, cette tendance s’est accentuée : il y a d’une part les algorithmes qui sont très prompts à détecter vos tropismes, vos croyances, vos habitudes et qui vont alimenter en biais de confirmation. D’autre part, dans les mêmes canaux qui ne sont pas hiérarchisés, circulent en même temps des connaissances, des croyances, des avis, des bobards ou des commentaires qui ont des statuts très différents. Seulement, par le fait même qu’ils circulent ensemble, ils se contaminent. Personne parmi nous n’a le temps de vérifier les sources ou de comparer les connaissances aux croyances. D’autant plus que les connaissances sont parfois considérées comme les croyances d’une communauté particulière ou à l’inverse, les croyances sont considérées comme des connaissances. 

Pourquoi les ingénieurs devraient-ils porter une attention particulière à la vérité ? 
Disons qu’ils ont un accès privilégié à la vérité scientifique. Du moins, la maîtrise de certaines compétences. La science produit des connaissances, mais ce que l’on a constaté, c’est que la science produit aussi de l’incertitude. C’est une incertitude d’un type très spécial. Par exemple, la biologie vous dit comment faire des OGM, mais elle ne vous dit pas si vous devez les faire. Autrefois, ces choix étaient indécis car la science servait l’idée de « progrès ». Aujourd’hui, ce type de questionnement soulève un choc de valeurs : alors on se bagarre, on discute, on n’est pas d’accord. À mon sens, les ingénieurs ont besoin de prendre la parole dans le débat public car une société moderne devrait pouvoir décider de façon démocratique le type de compagnonnage qu’elle souhaite effectuer avec les nouvelles technologies.

Qu’entendez-vous par « prendre la parole dans le débat public » ?
Je pense que la compétence, en général, met dans une position que l’on pourrait qualifier de modérée. Sauf que chez les ingénieurs, la modération dont il est question s’applique aussi à leur engagement : ils s’engagent, modérément. Il faut que les ingénieurs disent ce qu’ils savent et ce qu’ils font, mais aussi qu’ils disent ce qu’ils pensent de ce qu’ils savent et de ce qu’ils font. Cela ne suppose pas qu’ils décident, mais qu’ils s’expriment. Ce n’est pas une obligation, mais il faut que certains le fassent, sinon, on laisse le champ libre aux arrogants. Je vois aussi une forme de « honte prométhéenne » chez certains ingénieurs qui se sentent dépassés par la technique et qui ne s’estiment pas assez compétents pour prendre la parole. C’est quelque chose qui freine leur engagement dans la mesure où ils sont amenés dans beaucoup de situations à faire face à des questions qu’on leur pose et répondre « je ne sais pas ». Et ça il faut l’apprendre : ce n’est pas une honte à dire que l’on ne sait pas. À mon sens, c’est même une preuve de lucidité. 

Donner la parole aux ingénieurs serait donc une façon de remarier sainement la science, la technique et la société civile ?
Avant de réfléchir intellectuellement à la place de la science dans la société, je crois que la priorité numéro une serait de tenir compte des leçons de ce que la crise Covid a engendrées, puis ensuite de déterminer la façon de diffuser la culture scientifique. Il faut bien comprendre que la majorité du public n’a jamais été vraiment confronté à un raisonnement de type scientifique, donc implicitement, il donne crédit au bon sens et à une espèce de populisme scientifique. En France, le système éducatif s’est structuré à la Révolution. Si je caricature, on a décapité un roi, puis on a créé des Grandes Écoles, avec l’idée que l’on devait remplacer l’élite dont on avait zigouillé la tête, par une élite promue par l’intelligence et le mérite. Et c’est autour de ce projet qu’a été structurée l’éducation. Aujourd’hui, si un enfant de 10 ans sait qu’il n’est pas bon en maths, il va se créer une barrière mentale qui le coupera automatiquement du discours scientifique. Comme le dit Jean-Pierre Dupuy, la plus grande inégalité sociale, dont on ne parle jamais, c’est l’inégalité dans la connaissance scientifique. Avant de décider de ce que l’on fait de la science, il faut apporter une explication de ce qu’elle est. Avant de se demander ce que l’on veut faire de la science, on devrait d’abord la prendre au sérieux pour ce qu’elle nous apprend. Puis, c’est justement parce qu’il n’y a pas de doute sur la puissance qu’elle l’a, qu’il faudra s’interroger sur l’usage que l’on veut en faire. 

Étienne Klein était l’invité de la conférence inaugurale de l’amphithéâtre Jean Capelle, le 4 octobre dernier. 

 

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20 Sep
20/Sep/2022

INSA Lyon

Le nouveau visage de l’amphi Capelle bientôt dévoilé

Avec ses 800 places, l’amphithéâtre Capelle est certainement le plus grand mais aussi le plus étonnant des amphis de l’INSA Lyon. Construit dès l’origine de l’école pour accueillir les élèves du « collège propédeutique », il eut longtemps été un emblème. Aujourd’hui assez méconnu des nouvelles générations d’étudiants en raison de l’incendie en 2017 qui l’avait rendu totalement inutilisable, ce colosse a pourtant abrité bien des choses. Sous ses voiles de béton : des cours passionnés, des nuits du cinéma ou de longues heures de devoirs surveillés. 

Après cinq années de silence et une réhabilitation notamment permise par la solidarité insalienne, son nouveau visage sera dévoilé le mardi 4 octobre 2022.
Zoom sur un lieu unique en son genre.

 

Le totem des intentions de l’architecte de l’INSA  
Parmi les premiers bâtiments imaginés par Jacques Perrin-Fayolle pour la construction « éclair » de l’école, « l’auditorium » trône en roi. Intégré dans un ensemble qui comprenait tous les locaux nécessaires aux enseignements de l’année préparatoire, « l’amphi » a fait l’admiration de tous. Avec ses grandes ailes inclinées, la couverture est semblable à un parapluie retourné par le vent. Supportée par huit portiques, elle draine astucieusement les eaux pluviales en deux points. Comme un mouvement saugrenu au milieu des lignes droites des autres bâtisses du campus, son esthétique n’était pas le seul atout prévu par l’architecte : l’inclinaison et les brisures des murs latéraux avaient été imaginées pour servir des propriétés acoustiques intérieures particulièrement bonnes. 

Une autre subtilité est visible depuis le tramway, à l’extrémité sud de l’amphithéâtre : un « mur-plan », orienté vers la ville. Dans sa volonté d’intégrer les arts au campus scientifique, Perrin-Fayolle avait pris le soin de faire produire cette cartographie sur une façade de béton armé. Dressée sur un des murs pignons, elle témoigne de l’histoire des premiers bâtiments de l’établissement.

 

Mur plan 2018
Le « mur-plan », 2017

 

Un amphi et plusieurs vies
Des noms, il en aura porté, presque autant que le bâtiment aura eu de vies avant le silence forcé. « L’amphi de propé », « l’audi », « l’auditorium » ... La référence au recteur Capelle en hommage au co-fondateur de l’INSA Lyon arrive plus tard, dans les années 1980. 
Principalement utilisé pour des cours magistraux de mathématiques, de physique-chimie et de sociologie, il a aussi été témoin des trois premières cérémonies de remise de diplômes. Équipé d’un « système de micros suivant les mouvements des professeurs dans leurs démonstrations sur un tableau noir plus large qu’un écran de cinémascope
1 », d’une cabine de cinéma et d’une scène capable de s’agrandir au moyen d’une cloison mobile, l’amphithéâtre s’est longtemps fait la terre d’accueil de représentations de théâtre, de soirées-ciné, de concerts ou de réceptions. Plus tard, une salle de répétition aura même été installée pour les étudiants de la section musique-études, venus profiter de l’excellente acoustique. 

 

Intérieur de l'amphi Capelle

 

Après les flammes, la renaissance
Parmi les souvenirs associés à « l’amphi Capelle », il en est un que l’on voudrait effacer. Le 18 avril 2017, la bâtisse qui avait été témoin de l’évolution de 41 000 élèves devenus ingénieurs, crachait de la fumée par les ouvertures. Les services de sécurité, intervenus pour procéder à l’extinction du départ de feu d’origine électrique, découvraient le sinistre décor : le sol rouge ocre devenu gris, les bancs capitonnés brûlés, les parois reculant en lambeaux, les plafonds rongés par les flammes. Cet incendie avait rendu le « Grand Amphi », complètement inutilisable.

 

 

Il a ainsi fallu cinq années et plusieurs millions d’euros pour redonner à ce lieu emblématique, sa verve d’antan. L’opération de sauvetage, qui a notamment été rendue possible grâce à un financement participatif conduit par la Fondation INSA Lyon, a traduit la grande solidarité de la communauté insalienne. Les travaux ont permis de transformer cet amphithéâtre en un lieu moderne et connecté, paramètres indispensables pour les nouveaux étudiants. Pour que l’amphithéâtre puisque reprendre ses vies d’avant, une attention particulière a de nouveau été portée à l’acoustique. Désormais réhabilité, le lieu emblématique bénéficiera aux étudiants et personnels du campus, qui pourront peut-être, déceler sur les tablettes en bois rescapées et réutilisées comme revêtement pour le fond de la scène, quelques vieilles marques de formules mathématiques ou de mots d’amour gravés au compas.

 


Inauguration du nouvel amphithéâtre Capelle
Mardi 4 octobre 2022, de 8h45 à 11h00
En présence d’Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences
Sur inscription uniquement => https://bit.ly/inauguration-amphi-capelle 

 

 

 [1] « Constellation », juillet 1960, « Une grande école à l’échelle du XXe siècle »

 

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04 Oct
From 04/10/2022 08:45
to 04/10/2022 11:00

INSA Lyon

Conférence inaugurale du nouvel amphithéâtre Jean Capelle

Plus grand du campus avec ses 900 places et d'inspiration corbuséenne, l’amphithéâtre Capelle fut construit en 1957. En 2017, un incendie l'a rendu complètement inutilisable et après des mois de travaux, le nouvel amphithéâtre ouvrira à nouveau ses portes le mardi 4 octobre prochain.

Pour cette inauguration, l'INSA Lyon accueille le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein pour une conférence inaugurale portant sur les clés de la Vérité.

Qu’est-ce que la Vérité ? Comment l’époque de la hâte, des réseaux sociaux, des croyances, des opinions, des fake news la mettent-elles à l’épreuve ? Comment l’exercice, les métiers, la recherche et l’éthique de la science, doivent-ils s’y confronter ? Comment des items aussi sensibles que la confiance, le doute, l’information, la démocratie sont-ils impactés par les menaces qui pèsent sur elle ? Au final, n’est-ce pas la majuscule du Progrès qui est en péril ? Etienne Klein vient partager son diagnostic et ses recommandations à propos d’un sujet cardinal dans la vie d’un établissement formant aux métiers d’ingénieurs.

 

🎟️ Les inscriptions sont closes 🎟️

Additional informations

  • INSA Lyon - Campus LyonTech-La Doua - 49 avenue Jean Capelle 69100 Villeurbanne - Arrêt Croix-Luizet (Tram T1)

02 May
From 02/05/2019 19:30
to 02/05/2019 22:30

Sciences & Société

Inauguration de la Bobine Tesla

Le Clubelek, en partenariat avec l’Association Des Élèves de Génie Électrique (ADEGE) et le département Génie Électrique, inaugure sa Bobine Tesla !

Cet événement a été organisé pour remercier toutes les personnes qui ont soutenu le projet de construction de la Bobine Tesla et plus largement, qui ont soutenu ses acteurs.

C’est également l'occasion de réaliser une démonstration de la bobine tout en permettant aux différents partenaires de se rencontrer autour d’un buffet.

⚠️ Pour les inscriptions, merci de contacter l’ADEGE : adege@insa-lyon.fr

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Aperçu de la programmation

  • 19h30 – Bâtiment Gustave Ferrié
    Début de la soirée Accueil des invités
  • 20h00 – Discours et remerciements
    Éric Maurincomme, Directeur de l’INSA Lyon
    Lionel Petit, Directeur du Département Génie Électrique
    Marc Chanet, Président du Clubelek
  • 20h30 – Coucher du soleil
    Démonstration de la Bobine Tesla
  • 21h – Buffet et visites
    Rencontres autour d’un verre et de quelques petits fours. Moment de partages et d’échanges avec la possibilité d’effectuer des visites du département Génie Électrique et du Clubelek.