
Sciences & Société
Soutenance de thèse :Hugo Klinklin
Stratégie d'optimisation de la résistance à la corrosion caverneuse de la nuance à base nickel 825
Doctorant : Hugo Klinklin
Laboratoire INSA : MATEIS
Ecole doctorale : ED34 : Matériaux de Lyon
Les alliages à base de nickel sont utilisés dans divers domaines d’applications comme la pétrochimie, ou le nucléaire du fait de leur résistance mécanique et leur résistance à la corrosion à haute température. L’alliage 625 est utilisé pour le plaquage des aciers utilisés pour les pipelines car il est résistant à la corrosion sous H2S et en eau de mer. La nuance 825, moins coûteuse est candidate au remplacement de la nuance 625. Cependant, elle ne résiste pas à la corrosion caverneuse. L’objectif de cette thèse est double : (i) identifier l’origine de la sensibilité à la corrosion caverneuse de la nuance à partir des mécanismes électrochimiques mis en jeu. (ii) élaborer et caractériser des modifications de la nuance 825 pour améliorer sa résistance à la corrosion caverneuse. Le comportement électrochimique de la nuance 825 a été caractérisé en plein bain et dans une cellule à couche mince confinant un faible volume d’électrolyte à la surface de l’échantillon pour reproduire les phénomènes de corrosion caverneuse. Cette cellule a été développée et instrumentée pour suivre à la fois l’évolution de la chimie de l’électrolyte et le comportement électrochimique du matériau. L’analyse des diagrammes d’impédance a permis la quantification des paramètres relatifs au suivi de la passivation lors des étapes de corrosion caverneuse et les modes de corrosion observés en eau de mer naturelle ont été reproduits en laboratoire. Des modifications du montage ont été effectuées pour diminuer significativement la période d’incubation de la corrosion caverneuse. Enfin, des modifications de la composition de la nuance 825 ont été proposés pour maîtriser l’état de précipitation et modifier la chimie du film passif. L’enrichissement en azote est une voie prometteuse permettant l’amélioration de la résistance à la corrosion caverneuse par le contrôle de l’acidité de l’électrolyte et le renforcement de la passivation.
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Amphithéâtre Emilie du Châtelet (Bibliothèque Marie Curie) - Villeurbanne

Sciences & Société
Soutenance de thèse : Xuan Viet Linh NGUYEN
Investigation of Ambient Radio-Frequency Energy Harvesting using a Rapid Prototyping Plastronic Approach
Doctorant : Xuan Viet Linh NGUYEN
Laboratoire INSA : Ampère
Ecole doctorale : ED160 : Electronique, Electrotechnique, Automatique
A barrier to overcome of Internet of Things (IoT) devices is their autonomic energy supply scheme and Radio Frequency Energy Harvester (RFEH) is selected among recent energy harvester mechanisms (thermal, mechanical, light, etc.). Another interesting aspect is the possibility of integrating the RFEH onto the surface of polymeric objects. This seems impossible with PCB and FLEX-PCB, but possible with Plastronics. Therefore, the objective is to demonstrate the feasibility of RFEH with Plastronics technology developed in our laboratory, suitable for prototyping. This technology, called Rapid Plastronics, is based on fabricating substrates using Stereolithography (SLA), and realizing the conductive traces applying Electroless Deposition (ELD). The objective was not to develop this technology, but to apply it in the RFEH context.
This thesis is conducted in the following phases.
In the first phase, the studies of materials manufacturing process (Stereolithography (SLA) substrate, ELD copper) in Rapid Plastronics, relative permittivity, loss tangent of the substrate, and resistivity of the conductor are carried out.
In the second phase, designs of patch antenna for the energy harvesting (EH) applications are discussed. A fundamental linearly polarized patch antenna operating at 2.45 GHz is studied, and the impacts of the SLA substrate and the ELD copper on the antenna’s performance are mentioned. Then, the circularly polarized patch antennas being able to capture all the polarizations are studied. The third phase is about the RF-DC rectifiers, the proposed Power Management Unit (PMU), and the electrical interconnection between the designed antennas, the rectifiers and the PMU. Moreover, identifying the optimal load of the rectifier that offers a vision of setting up the impedance interference between the designed rectifier and the PMU will be also introduced.
In the last phase, the performance of the assembling of the PMU, the rectifiers and the antennas will be analyzed.
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Sciences & Société
Soutenance de thèse : Jérémy DUMOULIN
Refroidissement radiatif des cellules et modules solaires par structuration de surface
Doctorant : Jérémy DUMOULIN
Laboratoire INSA : INL
Ecole doctorale : ED160 : Electronique, Electrotechnique, Automatique
Les cellules et modules photovoltaïques s’échauffent considérablement en conditions réelles de fonctionnement, ce qui est néfaste pour leur rendement de conversion et leur durée de vie. L'objectif de cette thèse est d'étudier une stratégie novatrice pour limiter leur échauffement : le refroidissement par échange radiatif avec le ciel. Cette approche consiste à optimiser l'échange radiatif dans les gammes spectrales où il n'y a pas de conversion photovoltaïque, notamment dans le moyen infrarouge pour profiter de la fenêtre de transparence qu'offre l’atmosphère dans la gamme 8-13 µm.
Grâce à des développements théoriques et numériques, le bénéfice théorique que le refroidissement radiatif avec le ciel peut apporter aux dispositifs PV a d'abord été quantifié, et le profil d'émissivité idéal pour les dispositifs photovoltaïques a été déterminé. Les pistes expérimentales prometteuses pour atteindre ce profil ont également été mises en lumière. A l'échelle d'un module en silicium cristallin, il apparaît que les voies les plus engageantes concernent l'ingénierie de l'interface air-verre. A cet égard, une structure optique basée sur une multicouche diélectrique est proposée et analysée. Pour guider d'éventuelles études futures, un ensemble d'outils numériques et méthodologiques pour trouver, concevoir, et quantifier le bénéfice des structures optiques a été développé.
En complément de ces résultats spécifiques au refroidissement radiatif avec le ciel, un modèle opto-électro-thermique est présenté. Ce dernier a pour but de prédire les performances en conditions réelles de fonctionnement directement à partir de la connaissance des matériaux et de l'architecture de la cellule. Nous montrons comment ce modèle d'un nouveau genre permet d'ouvrir de nouvelles voies pour continuer à augmenter la production d'électricité photovoltaïque via une ingénierie plus consciente des effets thermiques.
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Bâtiment Irène Joliot Curie, 1 rue Enrico Fermi, campus de la Doua - Salle des thèses de l'INL (Villeurbanne)
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Soutenance de thèse : Maroun ALAM
Analyse et caractérisation des performances électriques de composants en nitrure de Gallium
Doctorant : Maroun ALAM
Laboratoire INSA : Ampère
Ecole doctorale : ED160 : Electronique, Electrotechnique, Automatique
Le silicium est le matériau le plus utilisé pour la fabrication des composants de puissance, car il présente de bonnes propriétés électriques et un faible coût de fabrication. Néanmoins, pour des puissances élevées nécessaires dans les applications en électronique de puissance, le silicium présente sa limite. Pour cela, les développements s’orientent vers les matériaux à large bande interdite, comme le SiC, le GaN et le diamant. Ces matériaux sont utilisés dans ce domaine car ils présentent de meilleures propriétés électriques et physiques.
Les HEMT (High Electron Mobility Transistor) sont construits à base d’une hétérojonction AlGaN/GaN, c’est-à-dire que la jonction de ces deux matériaux crée des contraintes mécaniques et conduit à une apparition d’électrons en formant un gaz 2D entre les deux matériaux, entraînant une grande densité d’électrons avec des vitesses élevées. Cependant, ces composants ne sont pas encore totalement fiables. Ainsi, cette thèse entre dans le cadre du projet européen IPCEI/Nano 2022 avec STMicroelectronics qui a pour objectif l’amélioration des performances des composants de puissance. Les travaux ont été divisés selon deux axes de travail. Le premier correspond aux simulations TCAD et dans ce cadre trois structures d’hétérojonction AlGaN/GaN (HEMT Normally On, Normally-OFF et diode) ont été définies. Afin de mieux comprendre l’influence du piégeage sur le comportement électrique et physique des différents dispositifs, des pièges ont été ajoutés dans la structure en variant la concentration de ceux-ci et l’énergie d’activation. Le deuxième axe concerne les caractérisations électriques. Des caractérisations ont été réalisées sur des diodes Schottky avec une hétérojonction AlGaN/GaN, et différents types de stress ont été appliqués avec pour objectif d’étudier l’évolution de la résistance dynamique. Premièrement, les stress quasi-statique ont été réalisés, correspondant à un passage de l’état bloqué à l’état passant pour une tension en inverse élevée. Deuxièmement, des commutations dures ont été appliquées avec un nouveau banc qui est le « Double Source Test ». Cela a été utilisé comme un stress dynamique. Finalement, un test de robustesse a été réalisé qui vise à appliquer des surcharges en courant afin d’observer l’évolution des paramètres physiques des diodes après stress.
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Amphi OUEST Bat. « Les Humanités » - Villeurbanne
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Soutenance de thèse : Duc Khai Nguyen PHAM
Mécanique computationnelle pilotée par des données - Extension pour l'élasto-plasticité et application thermomécanique
Doctorant : Duc Khai Nguyen PHAM
Laboratoire INSA : LaMCos
Ecole doctorale : ED162 : Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique de Lyon
La simulation des procédés thermomécaniques tels que le soudage demande d'une description fine des comportements du matériau afin de prendre en compte divers phénomènes multi-physiques. Vu l'aspect multiparamétrique de la loi retenue, l'identification et la calibration des paramètres deviennent difficile dans certaines conditions extrêmes où les hypothèses ne sont plus valables. Aujourd'hui, les techniques expérimentales de mesure de champ complet et les stratégies de calcul multi-échelle permettent d'accéder à une large quantité sans précédent des données sur la réponse matérielle. La modélisation des comportements de matériau devient un goulot dans le flux des données. Au contraire, Kirchdoefer et Ortiz ont proposé une nouvelle approche, dénommée Data Driven Computational Mechanics \cite{kirchdoerfer_data-driven_2016}, permettant d'incorporer les données du comportement de matériau dans la simulation prédictive. La réponse matérielle est représentée seulement par des données discrètes sous forme des couples tensoriels de déformation à contrainte. Le problème aux limites standard est reformulé en tant qu’une minimisation de distance entre les états physiquement admissibles du corps solide et la base de données. Dans cette thèse, nous explorons cette approche dans l’optique de développer une première preuve de concept visant des applications de la simulation du soudage. Premièrement, nous représentons les idées originales de Kirchdoefer et Ortiz dans un cadre variationnel pour faciliter la compréhension et l’implémentation dans les logiciels de calcul par éléments finis standards. Deuxièmes, nous proposons d’une extension pour l’elasto-plasticité dont la réponse matérielle contient des phénomènes irréversibles en exploitant l’espace tangent de la variété constitutive cachée et les lois de transition sous forme des lois à seuil. Finalement, une nouvelle approche pour gouverner la transition des bases de données, dérivée de la Thermodynamique des Processus Irréversibles (TPI) est présentée. La vérification se réalise par des cas test académiques et un benchmark qui simule un essai thermomécanique de type Satoh.
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Amphithéâtre Emilie du Châtelet (Bibliothèque Marie Curie) - Villeurbanne

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Crypto-prêts : de la tradition de village à la blockchain
Dans de nombreux pays émergents, il est difficile d’entreprendre pour les personnes disposant de faibles revenus. La plupart des prêts accordés par les banques traditionnelles étant des prêts garantis, les termes et conditions ne sont pas toujours faciles à remplir pour les emprunteurs. C’est le cas en Indonésie, le pays d’origine de Wisnu Uriawan, où ces barrières empêchent certains de créer ou de développer une activité génératrice de revenus.
Docteur de l’INSA Lyon depuis quelques mois, il a passé ses quatre années de doctorat au LIRIS1 à étudier des solutions d’émancipation financière par la blockchain. En s’inspirant de modèles informels de prêts traditionnels de villages africains, le désormais docteur a travaillé à mettre en place une plateforme, « TrustLend », pour faire se rencontrer emprunteurs, recommandataires et prêteurs. Il a récemment obtenu le prix Mahar Schützenberger, une récompense franco-indonésienne pour la qualité de ses travaux de thèse.
Favoriser l’émancipation et l’inclusion financière
Acheter du matériel agricole, une machine à coudre pour lancer un micro-business, financer une opération chirurgicale ou des frais de scolarité… Pour les citoyens de certains pays émergents, il est parfois difficile de mobiliser de l’épargne pour faire évoluer son activité et améliorer son niveau de vie. Pour pallier cette situation, des systèmes de micro-crédits de particulier à particulier ont vu le jour. Aussi, le développement exponentiel de la technologie blockchain et des cryptomonnaies dans les pays émergents semblent également avoir trouvé des applications dans le secteur financier : les prêts peer-to-peer sur la blockchain pourraient représenter un volume estimé à près d’un billion de dollars d’ici 2050. Témoin de la situation dans son pays, Wisnu Uriawan a rejoint le LIRIS il y a quatre ans avec cette idée : rendre accessible le système de prêt de pair à pair grâce à la technologie blockchain et aux smart contracts.
Redéfinir la fiabilité d’un emprunteur grâce à la communauté
En s’inspirant d’un système informel de prêt au sein de certaines communautés, Wisnu a imaginé un fonctionnement permettant de remplacer tout ou partie des garanties bancaires exigées traditionnellement par les organismes prêteurs pour les remplacer par un mécanisme de réputation sociale. Comme dans certains villages africains, l’engagement de la communauté ferait office de soutien au demandeur. « Mes travaux de thèse proposent que la fiabilité des emprunteurs soit utilisée comme alternative dans les demandes de prêts afin que les emprunteurs ne soient plus accablés par des garanties ou garants. La principale problématique était de réussir à calculer de manière fiable, cette fiabilité », explique le docteur.
Wisnu et ses encadrants de thèse ont ainsi développé le modèle « LAPS », pour « Loan risk Activity, Profile and Social recommendation2 », permettant de calculer un « score de fiabilité » pour chaque emprunteur. « Nous introduisons la notion de recommandation sociale en soutien à l’emprunteur en fonction de certaines variables telles que le risque de prêt, son activité, son profil ou son projet. Ce score peut aider à convaincre les prêteurs et les investisseurs de lui accorder des prêts avec peu ou pas de garanties classiques. »
Un prêt sans banque, grâce à la blockchain et aux smart contracts
Une fois la fiabilité de l’emprunteur reconnue par les pairs, comment contractualiser la transaction, sans l’intervention d’un organisme bancaire ? « Les smart contracts, ou contrats intelligents, sont des programmes codés alimentés par la blockchain. Ils peuvent faire office d’intermédiaires entre les pairs de manière sécurisée et où toutes les règles classiquement convenues peuvent être appliquées », explique Wisnu. Comptant sur les vertus de traçabilité et de partage de données de la blockchain, les conditions et termes du smart contract sont ainsi visibles par tous, obligeant à la bonne exécution du contrat. L’autre avantage du smart contract réside dans le coût d’exécution : en évitant une grande partie des intermédiaires, le processus de contractualisation bénéficie de coût réduit ; un avantage notable par rapport aux crédits classiques dont le coût est relativement élevé. Reste à lever l’un des freins majeurs du système : le jugement lors d’un litige, avis duquel la blockchain ne pourrait pas se substituer à l’humain.
Une plateforme qui fait se rencontrer emprunteurs et prêteurs
C’est ainsi que Wisnu Uriawan a souhaité voir ces années de travaux sur la blockchain et les smart contracts se concrétiser : en développant une application dédiée à la rencontre entre emprunteurs et prêteurs. Intitulée « TrustLend », le logiciel, s’il est prêt à être déployé, doit encore attendre certaines évolutions de la régulation. « Je viens d’un pays émergent où j’imagine une application très vertueuse de ce système. L’idée est d’aider des gens dans le monde, pas de faire du profit. Je suis rentré à Java désormais, et j’ai apporté cette idée dans mes valises. Je suis persuadé que, pour les emprunteurs, ce système sera très utile, par exemple pour un agriculteur qui ne pourrait pas acheter son tracteur comptant. »
La blockchain, qui se trouve également être au service de la finance participative, le crowdfunding, pourrait trouver sa place entre finance, anthropologie et informatique. « La blockchain a beaucoup à apporter au secteur financier en matière de transparence des transactions. Si l’on ajoute à cela la confiance accordée par la communauté, on peut espérer créer un cercle vertueux où plus vous avez fait preuve de fiabilité et plus vous obtenez un score recommandable par la communauté. C’est une autre façon de penser les prêts financiers et l’argent en général. »
[1] Laboratoire d’Informatique en Images et Systèmes d’Informations (CNRS / INSA Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon)
[2] Risque de crédit, Activité, Profil, et Recommandation sociale

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Algorithmes, sécurité et vidéo : tout est dans le geste
Durant ses trois années de thèse au sein du laboratoire LiRis1, Fabien Baradel a tenté d’éduquer des algorithmes à la gestuelle humaine. Non pas pour les implémenter à des robots humanoïdes, mais pour faire évoluer les performances de l’analyse automatique vidéo et améliorer la sécurité des individus. Récemment récompensé pour son travail de thèse soutenu en 2020, c’est entre l’INSA Lyon, le Canada et les bureaux d’un des géants de l’internet que Fabien a fait mouliner les neurones de ses ordinateurs pour transformer l’analyse vidéo en un outil d’aide à la décision. Explications.
De la vidéo, partout et pour tout
500 heures par minute. C’est la quantité vertigineuse de contenu vidéo déposée chaque minute sur la plateforme YouTube, à elle seule. Sur internet ou dans le monde réel, le format vidéo est un outil presque systématique : communication, divertissement, surveillance, santé… Aujourd’hui, le nombre de contenus dépasse très largement le temps et le personnel disponible pour visionner, traiter et exploiter ce contenu massif en constante augmentation. Pourtant, leur compréhension automatique pourrait impacter plusieurs domaines d’applications en démultipliant le potentiel de l’outil. « Si l’on prend l’exemple des caméras de surveillance qui génèrent beaucoup de contenu qui ne sera presque jamais examiné, l’analyse vidéo automatique peut permettre de repérer les comportements suspects et éviter les incidents en avertissant le personnel de sécurité. Pour cela, il nous faut développer des algorithmes capables d’identifier les actions humaines. Aujourd’hui, des applications logicielles sont capables de générer automatiquement des descriptions globales du déroulement d’une vidéo, mais les algorithmes développés sont loin de comprendre finement l’action en train de se faire », explique Fabien Baradel, docteur INSA Lyon et désormais chercheur au centre de recherche grenoblois Naver Labs.
Des intelligences à la mémoire courte
Pour les algorithmes, il existe plusieurs niveaux de reconnaissance et de compréhension. Et il semblerait que le niveau de granularité des informations manipulées par ceux que nous côtoyons le plus souvent, ne soit pas particulièrement fin. « La plupart des algorithmes que nous utilisons au quotidien peuvent détecter des concepts, plus que des détails. Ils sont capables d’identifier que telle vidéo traite de football ou de tennis, mais ils ne sont pas en mesure de cerner le détail des actions comme une passe ou un service. Ils détectent le b.a.-ba et les objets qu’ils ont l’habitude de voir. Ce qu’ils ne connaissent pas est invisible pour eux », poursuit Fabien.
Alors comment permettre à une machine de comprendre la gestuelle humaine, par essence … humaine ? « Un algorithme de deep-learning a besoin d’être nourri en permanence pour être efficace. À force de répétition, il devient capable de reconnaître si c’est un chat ou un chien qui apparaît à l’image, car il a vu beaucoup d’images différentes de ces animaux. Mais c’est un peu comme une plante en pot : si le substrat est bon, elle continuera de grandir, mais si la terre manque de nutriments, elle finit par s’éteindre : un algorithme a besoin d’entretien pour fonctionner. Dans le cas de notre travail de recherche, il était tout bonnement impossible de faire apprendre tous les gestes qu’il existe d’humains sur Terre », explique l’ancien doctorant.
L’humain, la gestuelle et l’objet
Fabien Baradel a donc passé trois années à enseigner à ses algorithmes les subtilités du geste humain à travers le plus grand des miroirs : le regard. « Puisque la reconnaissance fine de l’action humaine était un objectif bien trop titanesque, nous avons mis l’accent sur l’interaction entre l’individu et les objets. Nous avons entraîné les algorithmes à reconnaître d’abord la pose humaine articulée, puis à déduire les interactions importantes à travers l’espace. Plus concrètement, nous nous sommes basés sur le principe de l’attention visuelle : si l’individu se met en mouvement dans une scène, l’algorithme se concentrera sur les parties du corps en action. Ce que nous avons surtout réussi à développer, c’est une méthode capable d’identifier automatiquement une information, à l’aide du contexte de la vidéo. La mise en évidence de ce mécanisme a permis d’améliorer les performances d’analyse, mais il reste encore un peu de chemin avant l’ère de la compréhension automatique ultra précise. Et puis en matière d’algorithme informatique, rien n’est jamais fini », prévient-il.
Segmenter pour mieux filtrer
La recherche pour la compréhension automatique des contenus vidéo semble donc avoir encore quelques années devant elle avant que les modérateurs de plateformes telles que YouTube puissent s’affranchir des nombreuses heures de visionnage de contenus violents et inappropriés. « Nous faisons aujourd’hui des choses incroyables en la matière par rapport à ce que nous faisions il y a dix ans. Le deep-learning a besoin de beaucoup de pouvoir de calcul qui prend souvent plusieurs jours, ça n’est pas de la magie. J’ai bon espoir que ce travail serve à soulager l’humain dans les domaines où la vidéo a une place importante. Par exemple, dans l’automobile et plus précisément dans le développement de l’aide à la conduite. S’appuyer sur des algorithmes pour détecter les piétons et estimer leurs trajectoires permettrait de mieux adapter la vitesse du véhicule et réduire le risque d’accident. Je n’ose pas réfléchir à toutes les possibilités d’applications, mais je sais qu’elles sont infinies ! », conclut Fabien Baradel.
1Laboratoire d’Informatique en Image et Systèmes d’Information (CNRS / INSA Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon)

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Thèse et confinement : comment garder le cap ?
Doctorante en deuxième année au laboratoire MATEIS1 et professeure vacataire au département FIMI, Mathilde Maillard est également l’animatrice des podcasts « Bien dans ma thèse ». Représentante des doctorants de son laboratoire à l’École Doctorale Matériaux2, elle a dû réagir tout de suite pour accompagner ses collègues doctorants dans la continuité de leurs travaux de recherches, à distance. Podcasts ou rendez-vous live, elle a pris à bras le corps les problématiques auxquelles sont confrontés les doctorants confinés : organisation de travail bouleversée, vie académique à l’arrêt et motivation parfois en rémission. Interview.
Vous êtes actuellement doctorante en deuxième année au laboratoire MATEIS. Le confinement a bouleversé les quotidiens de chacun. Comment vous êtes-vous préparée à aborder le travail d’une doctorante confinée sereinement ?
Il a fallu s’organiser pour gérer cette période car, contrairement à l’idée reçue, le doctorant n’est pas un scientifique isolé qui travaille toujours dans son coin ! On travaille en équipe, au sein d’un laboratoire de recherche alors, il a fallu que je réfléchisse à un nouveau plan. Je travaille sur une technique de fabrication additive pour des applications biomédicales. Comme la plupart des doctorants de deuxième année, je n’en suis pas encore à la phase de rédaction de ma thèse mais bien aux essais d’impression 3D, en laboratoire. J’aurais dû effectuer des manipulations pour générer les données qui valideront mes écrits, alors mes travaux sont très impactés par le confinement. Cependant, c’est une situation de laquelle j’essaie de tirer parti au maximum, notamment en développant mes podcasts, « Bien dans ma thèse », destinés aux doctorants et aux futurs doctorants. Aussi, je continue à me former à travers des formations en ligne. Comme le dit mon directeur de thèse, Jérôme Chevalier, c’est surtout une situation qui nous permet, pour une fois, de prendre de la hauteur vis-à-vis de nos sujets de thèses, beaucoup de recul, et de se plonger dans la recherche bibliographique pour maîtriser encore plus tous les aboutissants de notre domaine. Il faut garder le cap !
En collaboration avec Le Grand Labo, un média scientifique en ligne pour chercheurs et jeunes chercheurs, vous avez lancé, depuis l’annonce du confinement, « SOS Téléthèse », un live vidéo à destination des doctorants, comme vous, confinés. L’outil numérique est-il une réponse adaptée à la situation des thésards ?
Pour la recherche, tout n’est pas totalement substituable via le télétravail, comme les manipulations qui nous sont désormais impossibles. La plupart des évènements académiques ont aussi été annulés et c’est une vraie lacune pour nous car ils nous permettent d’avoir de nouvelles idées, de présenter nos travaux de thèses et surtout d’établir notre réseau entre doctorants et chercheurs. « SOS Téléthèse » est une solution qui permet de fédérer la communauté et maintenir un lien virtuel entre doctorants et jeunes chercheurs partout en France. Ça n’est pas nécessairement une réponse complète aux problématiques des doctorants confinés, mais nous savons que cela aide beaucoup de gens à se recentrer sur leurs travaux car il est parfois difficile d’y voir clair, notamment en terme d’organisation. La volonté derrière ce live est aussi de créer un espace de partage, moteur de motivation et source d’information. En parallèle, j’ai créé un espace Discord qui permet actuellement à 750 doctorants de tous les horizons de partager des ressources, d’échanger et de surtout de se soutenir, c’est important. D’ailleurs, s’il y a des doctorants qui nous lisent, n’hésitez pas à nous rejoindre !
En février, vous avez donné naissance à « Bien dans ma thèse », un programme de podcasts qui a pour but de casser certains clichés sur le doctorat et de parler du diplôme. En temps de confinement, le podcast est tendance. De quoi traite celui que vous animez ?
Avant de me lancer dans l’aventure doctorale il y a deux ans, je me suis aperçue qu’il y avait un réel manque d’informations sur le quotidien et les débouchés du diplôme. Comme beaucoup de gens, j’avais beaucoup d’idées reçues : « Le doctorant est un loup solitaire qui n’a pas de vie sociale », « Il n’y a pas assez de postes académiques » ou « Il faut être plus intelligent que la moyenne », des opinions dans lesquelles je ne me reconnaissais pas. Maintenant, me voilà doctorante et j’ai vraiment envie de déconstruire ces clichés. Le doctorat permet d’avoir un diplôme certes, mais c’est une véritable expérience professionnelle et « Bien dans ma thèse » a pour vocation d’apporter de l’information sur le déroulement d’un travail de thèse. D’ailleurs, beaucoup d’étudiants en Master 2 me questionnent régulièrement sur le sujet, car si on ne va pas chercher l’information, personne ne nous la donne vraiment. Le podcast a le vent en poupe et c’est un média très agile à pratiquer, il suffit presque d’un micro, d’un ordinateur et d’un invité. À travers des portraits de docteurs et doctorants de différents horizons, j’essaie d’apporter un peu de nouveauté en déconstruisant cette fausse image que l’on a de la recherche doctorale (et de ses doctorants). D’ailleurs, je prépare un épisode spécial confinement, alors restez connectés !
▪️️ Rejoignez Mathilde sur Twitter
▪️️ Discord : application de messagerie vocale et texte multi-plateforme
▪️️ SOS Téléthèse : continuer sa thèse en plein #CoronaCrisis ?
1Matériaux Ingénierie et Sciences (UMR 5510), INSA Lyon/CNRS/Université Lyon 1
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IN SITU : la semaine de l'innovation de l'Université de Lyon
IN-SITU est une semaine d’événements dédiée à l’innovation et qui a pour objectif de mettre en valeur tous les services, structures et initiatives des établissements d'enseignement supérieur permettant aux acteurs socio-économiques d’innover en partenariat avec l’Université de Lyon.
Cette semaine thématique regroupera plusieurs dizaines d’événements disséminés sur l’ensemble des campus des établissements de l’Université de Lyon, ainsi qu’un challenge d’innovation, un colloque scientifique, une remise des prix ou encore des campus tours.
Nous listons ici les évènements se déroulant sur le campus de la Doua - Villeurbanne où l'INSA Lyon est particulièrement impliqué.
Mercredi 27 novembre 2019
- Docteurs et entreprises, osez faire le grand saut ! A partir de 18h30
- Journée Ingénierie@Lyon - De 10h30 à 16h
- Le CEI D’INSAVALOR, un lieu propice à votre développement : témoignages - De 18h à 19h
Jeudi 28 novembre 2019
- Innovation et CND : suivi et durabilité des structures - de 9h à 13h
- Visite de PROVADEMSE, plateforme technologique d’INSAVALOR dédiée à la valorisation des déchets et au développement des écotechnologies - de 17h à 18h
- Pratiques de l’innovation : retours d’expériences et approches pédagogiques croisées entre le monde du management et le monde de l’ingénierie - de 13h30 à 16h30
- Au coeur de la plateforme ILMTech-bâtiment AXEL’ONE : Fabriquer et caractériser des matériaux : du médical à l’aéronautique - De 14h à 15h
- Comment les Junior-Entreprises peuvent-elles vous accompagner dans la réalisation de vos projets ? - à partir de 15h
- Campus tour Lyontech-la Doua : accéder aux différents services aux entreprises (r&d, formation continue, hébergement-implantation) - de 13h à 16h30
Vendredi 29 novembre 2019
Mardi 2 décembre 2019
- Visite guidée de la plateforme CTMU : les spécialistes de la microscopie électronique et confocale - de 8h30 à 10h30
- Visite guidée de MATEIS, laboratoire de Science et Génie des Matériaux - de 10h30 à 11h30
- Intelligence Artificielle et deep learning : mythes et réalité - 18h à 20h
Mercredi 3 décembre 2019
- Atelier découverte des machines du fablab de la Pré-Fabrique de l’Innovation - de 15h à 16h et de 16h30 à 17h30
- La Blockchain et l’entreprise, promesses et enjeux - de 9h à 17h00
Jeudi 4 décembre 2019
- La créativité comme outil de Management : atelier pratique de découverte des méthodes de créativité à Lyon - de 9h à 12h
- Présentation de la plateforme technologique Nanolyon et visite de l’espace technologique - de 10h30 à 11h30 et de 11h30 à 12h30
Additional informations
- https://insitu.universite-lyon.fr/
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Campus des établissements de l’Université de Lyon
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Marie Le Guilly : à un an de la thèse, elle ouvre l’univers des possibles
Ingénieure diplômée du département Informatique en 2017, Marie Le Guilly découvre son appétence pour la recherche et n’est pour l’instant pas déçue. Au contraire, un premier prix à l’école d’été sur la science des données et une thèse dans le cadre de l’enjeu Société Numérique à l’INSA Lyon la pousse aujourd’hui à réfléchir à son avenir d’ingénieure et bientôt docteure INSA.
Vous vous êtes démarquée à l’école d’été organisée par ACM (Association for Computing Machinery) sur la science des données, quel retour d’expérience pouvez-vous faire ?
« Sur les conseils de mes encadrants de thèse, je suis partie à Athènes du 11 au 17 juillet dernier participer à six jours intensifs autour de la science des données, ou data science, un thème en vogue en ce moment ! Je faisais partie des 55 participants sélectionnés sur 180 candidats au départ, nous avons été évalués tous les jours et je suis arrivée classée première à la fin de la semaine. À chaque journée son intervenant, j’ai appris beaucoup de choses et rencontré beaucoup de gens. Tout le monde était très compétent et je ne m’attendais pas à ce prix ! »
Vous rentrez en dernière année de thèse au LIRIS (Laboratoire d’informatique en image et systèmes d’information), pourquoi avoir choisi ce doctorat ?
« Dès ma dernière année en cycle ingénieur, je me suis intéressée à la recherche et j’ai choisi d’abord de faire un stage en laboratoire pour voir si je me sentais de partir pour 3 années de doctorat ! Le test a été convaincant et j’ai donc intégré l’équipe « base de données » du LIRIS après avoir été diplômée ingénieure. Avec mes encadrants, Jean-Marc Petit et Vasile-Marian Scuturici, nous déterminons ensemble le périmètre de mes travaux de recherche. J’avais très envie de travailler sur deux domaines : l’apprentissage automatique et les bases de données, deux communautés fortes et très proches mais avec peu d’interaction entre elles. Au fil de ma thèse, je me suis intéressée au croisement de ces deux disciplines. Avec l’objectif de rédiger et soutenir ma thèse en septembre 2020. »
La recherche à l’INSA Lyon a été structurée autour de 5 enjeux sociétaux. Votre thèse s’inscrit dans le cadre d’un contrat doctoral ciblé sur l’enjeu Information et Société Numérique. Quel regard portez-vous sur ce contexte ?
« J’aime l’aspect à la fois théorique et appliqué de ma thèse, avec parfois l’opportunité de collaborer avec des entreprises. J’aime bien voir l’impact concret de mes travaux, discuter avec des gens qui peuvent être intéressés par les applications que ces travaux permettent. C’est très valorisant et encourageant de se dire que nos recherches servent à quelque chose. Et c’est très enrichissant de se situer entre la recherche académique et la recherche appliquée, et de participer à un enjeu sociétal. »
Qu’envisagez-vous pour la suite ?
« Je ne sais pas encore mais c’est vrai que la recherche me plaît beaucoup. Donner des cours aussi, j’enseigne l’informatique aux élèves du premier cycle. Je finis ma thèse, je me marie, et après on verra ! »