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LVA50 : 50 ans du Laboratoire Vibrations Acoustique (LVA)
Le LVA a 50 ans ! L'acoustique et les vibrations à l'INSA Lyon quelques années de plus. À cette occasion, nous organisons le vendredi 13 juin 2025 un événement majeur au laboratoire pour fêter cet anniversaire en présence d'un maximum "d'anciens et d'anciennes" du laboratoire, ainsi que des collaborateurs industriels et académiques.
Des présentations scientifiques et des visites du laboratoire seront organisées dans une ambiance chaleureuse et conviviale.
Programme des 50 ans du Laboratoire Vibrations Acoustique - LVA : Vendredi 13 juin 2025 - La Rotonde - INSA Lyon - website : https://lva50.sciencesconf.org
- 10h30-11h30 : Visite du LVA (groupe A)
- 12h00-13h30 : Ouverture de la journée par Frédéric Fotiadu, Directeur de l’INSA, suivi d’un Buffet dans l’Agora. (Présentations de posters de doctorants et postdoctorants du LVA).
- 13h30-14h00 : Prises de paroles institutionnelles Manuel Collet (Carnot Ingenierie@Lyon) - Laure Corriga (INSAVALOR) - Jean-Dominique Polack (Société Française d’Acoustique SFA) - Etienne Parizet (Centre Lyonnais d’Acoustique CeLyA)
- 14h00-15h30 : Présentations scientifiques Exemples d’apports du LVA à la communauté scientifique 1. Vibroacoustique dans l’air par Morvan Ouisse (Femto-ST) 2. Vibroacoustique dans l’eau par Valentin Meyer (Naval Group) 3. Localisation de sources par Lucille Pinel Lamotte (Vibratec Microdb) 4. Surveillance des structures par Mohamed El Badaoui (LASPI)
- 15h30-16h15 : Histoire du LVA et table ronde des anciens permanents du laboratoire (animée par Nacer Hamzaoui, Nicolas Totaro et Bernard Laulagnet)
- 16h15-16h30 : Mot de conclusion et perspectives du laboratoire (“les 50 prochaines années?) par Jérôme Antoni (Directeur du LVA)
- 16h30-17h30 : Pause Café et présentations de posters de doctorants et postdoctorants du LVA
- 17h30-18h30 : Visite du LVA (groupe B)
- 19:30 -… : Dîner au Café des Fédérations
Información adicional
- kerem.ege@insa-lyon.fr
- https://lva50.sciencesconf.org/?lang=fr
-
Rotonde / Agora - INSA Lyon
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Institutionnel
Jean-Michel Jolion : un parcours au service de l'enseignement supérieur et de la recherche
Après une carrière marquée par des contributions significatives à l'enseignement supérieur et à la recherche, Jean-Michel Jolion, professeur des universités et spécialiste en informatique, a pris sa retraite en cette fin d’année 2024. Fort d'un parcours impressionnant, il laisse un héritage durable, tant au sein de la communauté INSA qu’auprès des acteurs publics de l’éducation et de la recherche. Retour sur une carrière remarquable au service de la communauté scientifique et universitaire.
De son rôle de conseiller auprès des ministres de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur, à son engagement au service du développement de la recherche et de l’enseignement supérieur à Lyon, Jean-Michel Jolion a façonné de nombreuses évolutions.
Un parcours académique de haut niveau
Jean-Michel Jolion rejoint l’INSA Lyon en 1979 en provenance de l’Allier. « Sur le campus de l’INSA Lyon, il y avait plus d’étudiants que d’habitants dans mon village ! » nous fait-il remarquer dans un sourire. Il y obtiendra le diplôme d’ingénieur en 1984. Sa passion pour la recherche sera le fruit des rencontres avec des chercheurs de l’INSA et notamment en physique des matériaux et en microscopie électronique. C’est ce qui le conduira vers le doctorat en informatique et automatique appliquées en 1987, sur un sujet à l’interface entre plusieurs disciplines, qu’il poursuivra par un séjour post-doctoral à l'Université du Maryland (États-Unis) au sein du Computer Vision Lab, grâce à un financement INRIA. « J’y ai découvert un monde de la recherche totalement nouveau : cosmopolite, largement financé, à la pointe sur les meilleurs équipements et surtout déjà tiré par la course à la publication scientifique ! ». À son retour en France, il devient maître de conférences à l’Université Claude Bernard Lyon 1, avant de rejoindre à nouveau l'INSA Lyon en 1994. « J’ai pu obtenir un poste de Professeur au sein d’un tout nouveau département « Génie Productique » qui allait ensuite devenir génie industriel. Ça me permettait de contribuer au développement de l’INSA ». Déjà passionné par l’organisation de l’enseignement supérieur, il occupera plusieurs fonctions importantes, notamment en tant que directeur de la toute nouvelle école doctorale en informatique et information pour la société, puis directeur adjoint de la recherche, chargé des études doctorales et de la culture scientifique. Passionné de médiation scientifique et conscient que la science doit rester en contact avec la société, il créera, avec d’autres collègues de l’INSA (Henri Latreille et Frédéric Arnaud), l’association Ebulliscience (avec le soutien de Georges Charpak), association qui existe encore 26 ans après.
Jean-Michel Jolion n’a cessé d’allier recherche de pointe et implication dans la gestion et l’évolution des formations supérieures. Responsable du comité technique TC15 Graphs based representations de l’International Association for Pattern Recognition de 1998 à 2002, il a également été expert pour de nombreuses activités de recherche au Canada, en Italie, en Suisse et aux Pays-Bas. Son expertise scientifique est également reconnue au sein du comité scientifique de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) au début 2000. « L’INA préserve la mémoire de notre temps. En son sein, j’ai découvert les enjeux du numérique, au moment de l’explosion du big data ». Pendant plus de 10 ans, il bénéficie d’un soutien de France Télécom qui assume la totalité du financement de sa recherche « sans réelle pression en retour. Un statut et une liberté comme il n’en existe plus aujourd’hui » nous confie-t-il.
Un acteur clé dans la réforme de l'enseignement supérieur et des engagements au niveau national
L’un des aspects les plus marquants du parcours de Jean-Michel Jolion réside dans son rôle au sein des institutions publiques. « Je suis devenu membre du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche en 1998(1). J’ai pu apercevoir la complexité de notre système mais également sa richesse. Œuvrer pour rendre ce système plus efficient est devenu une évidence pour moi et une nouvelle mission personnelle que j’ai pu exercer sur des postes variés entre niveau national et régional ».
En 2012, il rejoint la DGESIP où il dirige le service de la stratégie de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle. En mai 2014, il rejoint le Cabinet de Benoit Hamon, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, en tant que conseiller en charge de l’enseignement supérieur. Au fil des différents remaniements entre 2014 et 2017, il rejoindra également le Cabinet de Geneviève Fioraso, puis de Thierry Mandon, secrétaires d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche et surtout de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, entre septembre 2014 et mai 2017. À ces postes, il a été un acteur majeur des réformes qui ont marqué l’orientation et l’organisation de l'enseignement supérieur français durant cette période : le passage de l’habilitation des formations à l’accréditation des établissements, le transfert de la CSTI aux Régions, la réforme de la formation des enseignants, et surtout la réforme du master dont il a présidé le comité de suivi de 2006 à 2012. « Une expérience sensationnelle au cœur du pouvoir, loin des clichés de l’administration centrale ou de la politique politicienne. Et des grands moments comme les négociations interministérielles et surtout celles avec Bercy, le centre du pouvoir ! Mais aussi, et heureusement, de formidables rencontres et des expériences humaines inoubliables surtout quand vous êtes amené à gérer les « cas personnels », toutes ces demandes, parfois farfelues, souvent touchantes et émouvantes voire dramatiques, qui arrivent des français directement sur la boite mail ou le sms de la ministre ! ».
En décembre 2020, il est rappelé comme Conseiller au sein du Cabinet de Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’abord pour suivre l’ensemble des mesures RH de la loi de programmation pour la recherche (votée en décembre 2020) puis de la culture scientifique et des formations.
Cette mission assumée, il revient sur l’INSA début 2022 mais repart très vite sur Paris à la demande de Sylvie Retailleau, nouvelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle lui confie une mission consistant à organiser une concertation sur la vie étudiante touchée par une explosion de la précarité. Comme délégué ministériel (à mi-temps avec son poste INSA), il assiste la ministre pour convaincre Bercy de dégager des moyens exceptionnels en mars 2023, « je suis très fier d’avoir pu contribuer à l’augmentation du budget de la vie étudiante de 500 M€, c’est-à-dire 22 % sur le budget, en faveur des plus précaires ». Ses rapports à la ministre et notamment le dernier remis en juillet 2023 fondent la première étape de réforme des aides sociales aux étudiants qu’il accompagne au sein de la DGESIP jusqu’à fin 2023.
Enfin, de janvier à juillet 2024, il effectue une dernière mission auprès de la directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle autour du devenir des écoles d’ingénieur. « Un peu comme un retour aux sources pour boucler la boucle avant de m’arrêter » remarque-t-il.
« Pendant ces douze années au ministère, j’ai mené de très nombreuses concertations avec la communauté, les syndicats… et j’ai adoré ces contacts humains. Bien sûr, il y avait très souvent des divergences, des oppositions, des désaccords mais j’ai toujours tenté d’écouter tout le monde et de trouver le bon compromis même avec les plus irascibles, même avec les patrons des sections CNU de droit ! » sourit-il.
Un engagement fort pour la région lyonnaise
En 2004, il devient conseiller du nouveau Vice-Président de la Région Rhône-Alpes en charge de l’enseignement supérieur et de la Recherche. « Tout en restant en poste à l’INSA » tient-il à préciser. « L’objectif était d’animer la concertation régionale avec les milieux académiques et construire le premier schéma régional de l’ESR. C’était une première en France ! ». Cet ancien insalien, toujours avec cet esprit pionnier qui nous caractérise a participé ensuite activement à la contractualisation de tous les établissements de la Région.
En 2007, il est recruté comme délégué général de la toute nouvelle Université de Lyon(2). Jean-Michel est chargé de créer cet établissement public qui devra, trois mois après sa création être un des acteurs majeurs du site face à l’arrivée des grands projets comme le plan Campus, le programme investissement d’avenir… « Pour cette mission, ma priorité consistait à faire de l’université de Lyon la maison commune pour le développement du site académique lyonnais, favorisant la collaboration entre les établissements d’enseignement supérieur, les collectivités et les acteurs économiques de la région ».
En juin 2017, il devient délégué régional à la recherche et la technologie auprès du Préfet et du Recteur, « j’étais au cœur de l’innovation et de la négociation du CPER pendant 3 ans et demi ! ».
En 2022, en parallèle de sa mission nationale, à la demande des directeurs des 4 écoles (Entpe, Centrale Lyon, INSA Lyon et Mines Saint-Étienne), il accompagne la construction progressive de la démarche collective qui se traduira par la création du Collège d’ingénierie (alliance sans structure). « Une nouvelle dimension plus proche du terrain au sein d’un écosystème académique perturbé par l’échec de l’Idex mais surtout l’effervescence des nouveaux projets ».
Un homme de vision et d’innovation
Jean-Michel Jolion est également reconnu pour sa contribution à l’innovation dans son domaine de prédilection. Sa réflexion sur les outils d’analyse de données et les systèmes complexes lui a permis de contribuer activement à la reconnaissance de la recherche française dans le domaine des sciences et des technologies.
Sa recherche ? La reconnaissance des formes (et surtout les statistiques appliquées à des formes non conventionnelles) et plus simplement répondre positivement à la question « Comment mélanger des choux et des carottes ». Si vous le croisez, vous aurez peut-être droit à la recette ! En tous cas, nous souhaitons une très belle retraite à celui qui a démontré ce que veut dire l’esprit INSA tout au long de sa carrière.
(1) Il exercera cette mission jusqu’en 2007.
(2) Créée en février 2007 sous la forme d’un Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur.

Formation
« Face à la transition écologique, nos sensations et émotions sont utiles. Elles expriment nos aspirations profondes »
Chiffres vertigineux, données du GIEC et de l’IPBES inquiétants, et éco-anxiété : dans une ère où l'utilitarisme déconnecte l'Humain de son environnement et où la vision occidentale privilégie la rationalité au détriment de la sensibilité, émerge un nouveau paradigme. Et si nos sens permettaient de mieux « préserver » et donner envie de « prendre soin de » ?
Dans le cadre de la conférence Archipel, Thomas Le Guennic, professeur agrégé de sciences économiques et sociales au Centre des Humanités de l’INSA Lyon et Magali Ollagnier-Beldame, chargée de recherche en sciences cognitives, laboratoire ICAR UMR CNRS 5191, proposeront un atelier d’initiation à l’écologie sensible ; un champ scientifique en émergence. Ils expliquent pourquoi il est intéressant de s’attarder sur l’équation suivante : homo sapiens = homo sensibilis.
Pédagogie, recherche ou même politique publique, l’écologie sensible est une approche qui semble applicable à toute activité humaine. Comment la définiriez-vous ?
TLG : Je dirais que c’est une approche qui permet de compléter toute connaissance théorique des relations entre les humains et les « autres qu’humains » vivant sur la Terre, à partir de la sensorialité et de la corporéité. Nous connaissons beaucoup de choses sur la nature grâce à la démarche scientifique, mais nous n’avons plus l’habitude, en tant que membres de sociétés occidentales, modernes et urbanisées, d’une approche sensible et émotionnelle de celle-ci. Par exemple, il y a plusieurs façons de percevoir un arbre : il peut représenter un organisme qui capte du Co2 ; il peut représenter un stock de planches ; ou il peut aussi être un être à part entière, qui a le droit de vivre pour lui-même. Il est très inhabituel pour nous, européens occidentaux, de ne pas considérer le vivant comme une ressource définie par son coefficient d’utilité plutôt que comme un être vivant égal à nous-même. Cette approche sensible de la nature est traditionnellement et magistralement portée par les arts, aujourd’hui encore au sein de nos sociétés. Ce qui prouve que nous n’avons pas totalement oublié et que la situation est plus riche et complexe. Ce dont nous avons certainement le plus besoin aujourd’hui est de mettre en relation ces perspectives. Par exemple que la contemplation esthétique de la nature puisse informer la connaissance scientifique, et inversement. Actuellement, de nombreux artistes trouvent ainsi une profonde inspiration dans les recherches en biologie. Elles sont pour eux un point de départ à une proposition artistique et à un regard très riche sur le vivant.
MOB : J’ajouterais que l’écologie sensible est un champ scientifique en émergence, une future interdiscipline peut-être ! Elle se place notamment à la croisée des sciences cognitives, des sciences humaines et sociales et des sciences du vivant. Plusieurs travaux1 en philosophie, géosciences, biologie, anthropologie et en éco-psychologie mettent en évidence notre perte de contact avec l’expérience de la nature et du vivant. Ce déficit présente des conséquences : en vivant dans un monde que nous percevons « désanimé », nous développons un peu de la nature, nous craignons l’altérité ou nous sommes même éco-anxieux ; autant de raisons que bon nombre d’entre nous expérimentent au quotidien et qui poussent à explorer le monde vivant à travers nos sens.
Face aux conséquences du changement climatique, le « rapport au sensible » gagne timidement du terrain dans le débat public, interrogeant particulièrement nos représentations du « vivant ». Avez-vous des exemples de changements dans la perception de la relation entre l'homme et la nature ?
MOB : On peut aujourd’hui percevoir que ces représentations commencent à évoluer : la philosophie de l’environnement est une branche scientifique très dynamique ; ou encore dans le domaine du droit, certains juristes travaillent sérieusement à donner des droits aux fleuves, aux forêts ou aux océans. Il y a moins de deux ans, seuls quelques pays d’Amérique latine et d’Inde avaient reconnu une personnalité juridique à certains animaux. Depuis août 2023, c’est aussi le cas en France puisque les îles Loyauté, en Nouvelle-Calédonie, ont donné une personnalité juridique aux tortues et aux requins. Devenus sujets de droit, leurs intérêts pourront désormais être défendus au tribunal.
TLG : Il me semble que l’écologie sensible est une voix parmi d’autres. Beaucoup d’enseignants-chercheurs s’interrogent, à travers leurs activités, aux imbrications de celles-ci avec la société et l’environnement. En octobre dernier, l’INSA Lyon recevait une délégation du peuple Kogi, un peuple racine, qui tire notamment son savoir d’un sens de l’observation et d’une sensibilité exacerbée. Leurs autorités spirituelles – les mamas et les sagas, formés dès la naissance à connaître, ressentir et communiquer avec le vivant, peuvent aboutir à des connaissances qui correspondent à celles que les scientifiques ont obtenues avec la démarche scientifique. Seulement, pour les Kogis, il n’y a pas de différences entre eux et les autres éléments de la nature. Cela peut sembler étrange de prime abord, car nous avons été éduqués différemment à penser que les humains ne font pas partie de la nature et que cette dernière est « au-dehors ». Lors de leur venue, les Kogis ont offert au public de l’INSA2 de s’interroger sur notre façon de penser nos activités humaines, en imbrication avec la « mère Terre ». Bien sûr, cela a certainement résonné plus ou moins chez chacune et chacun.
Vous animerez un atelier d’initiation à l’écologie sensible dans le cadre de la conférence Archipel. En quoi consistera-t-il ?
TLG et MOB : L’atelier propose aux personnes de rencontrer un être vivant, autre qu’humain. En se laissant guider par une trame progressive, il s’agira de porter l’attention, sans préjugés, d’expérimenter et cultiver une façon de se relier à la nature. Il me semble que faire cette expérience est à la portée de tout le monde, car nous l’avons déjà fait, notamment étant enfant. C’est juste que dans nos modes de vie très affairés, nous ne prenons plus le temps. Dans un monde urbain, la nature est souvent réduite à un décor dont nous serions le héros et nous prenons très peu de temps pour porter de la considération à un être de la nature, qu’il soit un oiseau, un insecte ou même le vent ou la pluie, à nous laisser toucher. La plupart du temps, nous intellectualisons, mais nous les ressentons peu, ce qui participe à la déconnexion de nos sociétés au vivant.
En tant qu’enseignants, de quelle manière utilisez-vous l’approche sensible dans vos cours ?
TLG : Il existe, dans la pédagogie de la transition, plusieurs approches qui s’intéressent à la manière d’enseigner les enjeux socio-écologiques, en particulier leur dimension systémique. C’est un champ de recherche très actif. Certaines s’attardent sur l’aspect « sensible », tant de l’apprenant que du formateur. Je pense notamment à l’approche « tête-corps-cœur » du Campus de la transition, qui vise à inclure dans la séance de cours, habituellement très « mentale », le vécu émotionnel, esthétique ou encore le passage à l’action. C’est une approche que je propose déjà à mes élèves, en convoquant leur ressenti et leur expérience, notamment dans des cours à la carte3. C’est une approche qui semble toucher ces élèves, notamment face au sentiment de solastalgie et d’éco-anxiété qui peuvent provoquer une sorte de paralysie d’action ou de l’abattement face à l’ampleur du problème. Il ne suffit pas de leur enseigner que la « maison brûle » : certaines émotions, même désagréables, comme la peur ou la colère, sont très utiles à comprendre. Elles nous renseignent sur nos valeurs et nos aspirations profondes. Il faut savoir les accueillir pour ensuite passer à l’action ; il ne faut pas oublier que l’être humain avance à partir de la joie !
MOB : La dimension sensible permet d’être davantage présent à soi, aux autres et au monde de manière plus large. Elle nécessite de ralentir dans un rythme souvent effréné, ce qui représente d’ailleurs une des difficultés pour sa mise en place. Enfin, elle suppose d’accepter de se laisser surprendre par le contact avec sa propre expérience, ce qui n’est pas toujours facile !
[1] Dont ceux de Abram, Albrecht, Pyle, Ingold, Fisher.
[2] Les représentants du peuple kogi seront présents à l’INSA Lyon le 31 mai.
[3] Le cours à la carte « Cosmos : connaissance de soi et relation au monde » est organisé sur des pratiques d’intelligence émotionnelle, de relation à l’autre et à la nature. Le cours à la carte « Yoga » explore davantage la connaissance de soi psycho-corporelle.

Recherche
Modes de vie et transformations de l'environnement : faire face aux maladies de sociétés.
Deuxième séminaire organisé dans le cadre du projet let’s look up “Ingénierie et recherche par le prisme du concept One health” soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme Lyon-Saint-Etienne (MSH-LSE) et l’Institut des systèmes complexes (IXXI).
Nous accueillerons Thierry Baron, Directeur de recherche à l'ANSES et chef de l’unité de l’Unité Maladies Neurodégénératives de Lyon. Il nous parlera notamment de la maladie de Parkinson, exemple emblématique qui permet d’illustrer les interactions complexes entre la susceptibilité de l’hôte et les facteurs environnementaux multiples qui peuvent favoriser ou au contraire limiter l’apparition de la maladie lors du vieillissement.
Puis Gwenola Le Naour, maîtresse de conférences en science politique à Sciences Po Lyon et co-auteure du livre « Vivre et lutter dans un monde toxique », présentera les impacts des pollutions sur la santé et les mobilisations qui en découlent, à partir d'études menées dans différentes régions du monde.
Nicolas Lechopier, maître de conférences, au laboratoire S2HEP et enseignant à la Faculté de Médecine Lyon Est jouera le rôle de “discutant” avec les conférenciers et le public.
Les conférences seront également accessibles en visioconférence.
Información adicional
- hubert.charles@insa-lyon.fr
- https://letslookup.sciencesconf.org
-
Amphi Est du bâtiment des Humanités (1er étage) - INSA Lyon - Villeurbanne
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Les audits de l’IA
Comment auditer l’IA ou plutôt comment auditer les IA ? Selon quelles méthodes et procédures ? Pour quels objets ? Selon quelles finalités ? C’est à ces questions que la journée les audits de l’IA entend se confronter.
L’actualité juridique internationale relative à l’IA témoigne de la volonté d’encadrer les systèmes d’intelligence artificielle (SIA) afin d’assurer leur sécurité et fiabilité. Qu’il s’agisse du règlement européen sur l’IA, des travaux du Conseil de l’Europe sur une futur convention ou encore du décret présidentiel américain, l’accent est porté sur l’évaluation des SIA à l’aune des risques qu’ils font peser sur nos sociétés démocratiques. En effet, l’IA est susceptible de changer notre rapport au monde, au travail, à la justice, à l’exercice des droits civiques. Dès lors les systèmes d’IA doivent être dignes de confiance, au regard de leurs potentielles conséquences sur la vie quotidienne des citoyens. Une évaluation des systèmes d’IA est donc nécessaire pour s’assurer qu’ils remplissent leur tâche de la manière la plus fiable possible. Accompagnant cette évaluation, les audits et certifications ont alors vocation à créer un cadre de confiance pour les utilisateurs des SIA.
Ainsi, après l’atelier organisé en 2023 et dédié au partage et à la protection des données de santé, le projet IPoP du PEPR Cybersécurité vous convie à la journée "Les audits de l’IA" qui a pour ambition de questionner cet encadrement de l’IA par l’évaluation, d’en sonder les défis mais aussi les réponses apportées aujourd’hui par la recherche et les acteurs de terrain.
Cette journée sera l’occasion d’échanger en croisant les points de vue (académique, institutionnel, réglementaire, industriel).
- Programme : https://files.inria.fr/ipop/audit-ia/tag/hyde/
Appel à poster : Cet atelier offre l’opportunité à des chercheurs de présenter leurs travaux en lien avec la thématique de la journée sous forme de poster.
- Plus d'information : https://files.inria.fr/ipop/audit-ia/tag/poster/
Información adicional
- audit-ai-24@inria.fr
- https://files.inria.fr/ipop/
-
Campus Cyber, 5-7 rue Bellini, 92800 La Défense
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« La parité n’est pas encore atteinte mais nous menons des actions pour valoriser les carrières scientifiques »
Marie Curie, Ada Lovelace, Émilie du Châtelet, Eunice Foote, Katherine Johnson ou Rosalind Franklin… Ces grandes figures ont contribué dans leurs domaines respectifs, à faire avancer la connaissance scientifique. Les femmes scientifiques ayant contribué aux grandes avancées de la science sont nombreuses. Pourtant, leurs noms résonnent peu dans la mémoire collective. Mais surtout leur place a été chaotique à prendre. La journée des droits des femmes le 8 mars dernier donne l’occasion de s’interroger sur l’évolution de la mixité dans les sciences et la recherche. Regards croisés avec la directrice de la Recherche et de la Valorisation, et quatre directrices de laboratoire de l'INSA Lyon.
« Il est plus facile de désagréger un atome qu'un préjugé ! »1
Les stéréotypes de genre ont la peau dure. Une étude menée par des scientifiques du Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (CNRS/Université Clermont Auvergne), du Laboratoire de Psychologie Cognitive (CNRS/Aix-Marseille Université), et de l’Université de British Columbia (Canada), en 2019, a démontré que le concept de science demeure beaucoup plus fortement associé au masculin qu’au féminin dans les esprits2. Ce biais automatique, déjà identifié dans la population générale, est aussi présent chez la plupart des scientifiques sans que les intéressés n’en aient forcément conscience. Est-ce dû à un manque de représentations culturelles ? Car avec le prisme recherche, on imagine tout de suite le savant fou avec ses cheveux blancs et sa barbe, ou désormais le geek ou le nerd pour les sciences qui ont trait à l’informatique. « Et pourtant, les politiques se sont emparés de ce sujet depuis plus de 20 ans. Une mission pour la parité en sciences et en technologie a été créée en France, la Commission européenne a donné des directives concernant la représentativité des femmes dans les hautes instances, les Nations Unies ont proclamé le 11 février comme Journée internationale des femmes et des filles de science afin de donner un espace médiatique et une visibilité aux femmes, la parité est devenue priorité du quinquennat du gouvernement… Cependant, beaucoup de choses se jouent au quotidien dans les familles où le rôle et la place de la femme sont souvent inscrits dans les non-dits » souligne Marie-Christine Baietto, Directrice de la Recherche et de la Valorisation à l’INSA Lyon. En retraçant la place des femmes dans les sciences tout au long de l’Histoire, on s’aperçoit qu’elles ont longtemps, comme pour tout ce qui a trait à la connaissance, été exclues3. « Exclues, spoliées ou effacées de leurs travaux ! Il y a d’ailleurs un terme pour cela : l’effet Matilda ! », commente Marie-Christine Baietto.
« L’esprit n’a point de sexe »4
Le temps de l’exclusion est pourtant révolu. Aujourd’hui, les jeunes femmes excellent dans leurs études. En 2021, la proportion de lauréates au baccalauréat est supérieure de dix points à celle des garçons5 avec un taux de 47 % de filles dans les études scientifiques6. À l'université, les femmes représentent 56 % des étudiants, mais seulement 31 % en sciences fondamentales. Toutes formations confondues, la part des femmes diplômées d'un titre d'ingénieur en 2020 est seulement de 28 % et en 10 ans cette part n’a progressé que de 2 points. En 2019, 39 % des enseignants-chercheurs titulaires dans la filière universitaire sont des femmes. Elles représentent 63 % des enseignants-chercheurs titulaires dans les disciplines des langues et littératures et seulement 19 % dans celles des sciences de l'ingénieur. En 2017, dans le domaine des mathématiques et de l'informatique, 15 % des chercheurs sont des femmes7.
« Les compétences et les qualités ne sont pas valorisées de la même manière selon que l’on soit une fille ou un garçon. De plus, les filles ont tendance à opérer leurs choix d’orientation sur des critères de responsabilité sociétale. Cela induit que les filles ont plus de difficultés à choisir des filières scientifiques qui sont plus caractérisées comme “masculine”. On constate que les jeunes femmes s’orientent plus vers des domaines qui ont trait au vivant : médecine, biologie, agronomie, vétérinaire. Les facultés de médecine et les grandes écoles d’agronomie ont actuellement des taux de filles supérieurs à ceux des garçons », explique Valérie Sartre, Professeure des Universités, Directrice du Centre d’Énergétique et de Thermique de Lyon (CETHIL). Ainsi, le choix d’orientation pour les jeunes femmes serait biaisé.
Chercheur recherche la parité
Et dans la recherche ? Dans la majorité des entités de recherche, scientifiques ou techniques, la part des femmes augmente significativement d'année en année. Et l’INSA Lyon n’est pas en reste : on estime à 32 % le nombre de femmes qui travaillent dans la recherche9. Mais les choses n’évoluent pas de la même manière dans toutes les branches scientifiques. « À mon arrivée en 1986 en tant que doctorante au LMC (laboratoire de mécanique des contacts, aujourd’hui le LaMCoS), nous étions deux doctorantes », se souvient Marie-Christine Baietto. « De mon côté, quand je suis arrivée au laboratoire, en 1990, nous étions trois femmes. Aujourd’hui, nous sommes quatre dans une équipe de 33 chercheurs », souligne Valérie Sartre pour le CETHIL. « Bien que les jeunes femmes soient bien représentées dans la population de nos doctorants (37 % en 2024), le nombre de chercheuses n’évolue quasiment pas dans notre laboratoire ».
« Au contraire, dans notre laboratoire, les choses évoluent », poursuit Federica Calevro, Directrice de Recherche INRAE et Directrice du laboratoire Biologie fonctionnelle, insectes et interactions (BF2i). « À mon arrivée au BF2i, en 2001, j’étais la seule maîtresse de conférences sur douze chercheurs et enseignants-chercheurs. Je suis aussi la première DR et Directrice d’Unité femme au BF2i en 64 ans d’existence. Aujourd’hui, nous sommes 4 femmes pour un total de 10 chercheurs et enseignants-chercheurs, et notre comité de direction compte trois femmes sur quatre membres. Je suis persuadée que le recrutement de femmes a un effet levier pour d’autres recrutements féminins ».
Au laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (IMP) avec à sa tête Jannick Rumeau, la proportion de femmes chercheuses est de 29 % : « Aujourd'hui, ce sont 15 femmes sur les 51 chercheurs/enseignants chercheurs que compte le laboratoire. Et sur les 15 chercheuses-enseignantes et chercheuses, 7 sont professeur ou DR CNRS. Nous sommes maintenant 4 femmes professeurs, mais nous sommes restées 2 pendant très longtemps. Je suis bien sûr la première directrice de l'IMP et au comité de direction de l'IMP, nous sommes 3, dont deux femmes : j'ai un adjoint et une adjointe ».
« La parité n’est pas encore atteinte, mais nous menons des actions pour valoriser les carrières scientifiques. Il me semble important d’encourager les jeunes femmes à postuler sur des postes de professeur sans auto-censure, à se positionner sur des postes de responsable d’équipe, de directrice adjointe d’unité et de directrice d’unité. Une femme a toutes les qualités et compétences pour occuper ces fonctions. J’ai ainsi demandé, par exemple, de veiller à la parité quand cela est possible dans les équipes de direction des laboratoires de l’INSA Lyon. Nous essayons aussi grâce aux dispositifs récemment mis en place, la promotion locale, de promouvoir des femmes à des postes de professeures » formalise Marie-Christine Baietto.
Aujourd’hui, à l’INSA Lyon, nous comptons 4 Directrices d’Unité et 7 Directrices d’Unité Adjointes, soit 11 femmes à des postes de direction de laboratoires pour nos 22 laboratoires, et 26 responsables ou responsables adjointes d’équipes sur les 80 équipes composant ces laboratoires. « Il y a encore beaucoup à faire, néanmoins ces chiffres sont très positifs », commente Marie-Christine Baietto.
Échecs en Maths
« Lorsque j’ai commencé ma thèse, en 1995, j’ai beaucoup entendu dire à propos de la place des femmes dans la recherche en mathématiques “ça s’arrange“. J’ai pris cela comme un encouragement et j’ai trouvé que c’était positif. Malheureusement, le constat, presque 30 ans plus tard, est que la situation n'évolue que très lentement, trop lentement », nous fait part Véronique Maume-Deschamps, Directrice de l'Institut Camille Jordan. Le pourcentage de femmes professeures des universités en mathématiques est passé de 11 % en 2013 à 13,5 % en 2021 ; celui des femmes maîtresses de conférences en mathématiques de 26,6 % en 2023 à 27,5 % en 2021. La situation est même critique en « mathématiques fondamentales » où la proportion de femmes est passée de 6,7 % en 2013 à 6,5 % en 2020 et 7,2 % en 2021. Pourtant, depuis 30 ans, de nombreuses actions ont été menées10.
« Nous devons reconnaître qu’elles n’ont pas produit leurs effets. Sans une très forte volonté politique, je crains que dans 20 ans, nous fassions le même constat. Il faut d’abord « aller chercher les femmes » : solliciter des candidatures féminines, les encourager à faire des thèses de mathématiques, les inviter à des conférences et des séminaires. Les viviers de femmes existent pour le moment, mais nous constatons que les femmes sont moins souvent candidates que les hommes. Au-delà de l’incitatif, probablement que pour une phase transitoire, il faudrait des mesures actives », continue Véronique Maume-Deschamps, « comme attribuer des bourses de master de mathématiques pour les femmes comme ce qui est proposé par la Fondation Mathématique Jacques Hadamard, proposer des candidatures prioritaires pour les femmes sur les concours d’enseignantes-chercheuses comme cela est fait dans certaines universités étrangères11, avoir des objectifs contraignants de femmes en option mathématiques et mathématiques expertes dans les lycées ; ; attribuer des bourses d’études pour les femmes en sciences dès le lycée pour retrouver et dépasser les effectifs de 2019 de femmes formées en mathématiques au lycée. Ces effectifs ont dramatiquement chuté avec la réforme du lycée ». Car ce manque de féminisation dans les mathématiques fondamentales aura forcément des conséquences.
Ne pas être absente de l’équation
Les femmes sont plus présentes dans les domaines scientifiques liés au soin comme la médecine par exemple, alors que les hommes le sont plutôt dans les domaines comme la robotique, les mathématiques, le numérique ou encore la physique des hautes énergies12. Sur 115 disciplines scientifiques, 85 d’entre elles sont majoritairement dominées par les hommes13. Elles restent encore peu présentes en sciences, particulièrement en mathématiques et en physique ou encore en astrophysique. Et pourtant, le regard des femmes est primordial sur ces sujets. À titre d’exemple, dans l’intelligence artificielle, une vision du monde exclusivement masculine peut engendrer des biais sexistes dans les algorithmes. Ainsi, on constate que les logiciels de reconnaissance faciale, développés majoritairement par des hommes, sont plus performants pour faire la différence entre des visages d’hommes qu’entre des visages de femmes. Leur absence impacte nécessairement la performance des recherches, mais également notre vision de la société.
« La mixité a forcément des impacts positifs dans les recherches et la science en général. Je le constate tous les jours dans notre pratique scientifique : plus les équipes sont diversifiées, avec des hommes et des femmes, des scientifiques plus jeunes et moins jeunes, issus de différents horizons, cultures et formations, plus elles s'enrichissent et progressent par le partage des idées, des points de vue, et des ressentis… Le travail collectif sur l’ensemble des domaines fait avancer la recherche », assure Marie-Christine Baietto.
Lever les barrières
Pendant longtemps, les carrières scientifiques étaient réservées aux hommes, trop contraignantes avec une vie de famille. « Lorsque je suis arrivée au laboratoire, nous ne devions pas compter nos heures… Plus tard, j’ai demandé un temps partiel pour m’occuper de mes enfants, c’était la première fois qu’on faisait cette demande dans le laboratoire », se souvient Valérie Sartre. Aujourd’hui, les femmes peuvent exercer dans la recherche, sans craindre pour leur équilibre vie professionnelle et vie de famille. Plusieurs schémas Directeur ont été mis en place.
La compétence est encore aujourd’hui une barrière à lever : « Les femmes souffrent souvent du syndrome de l’imposteur. Je pense que cela est en partie lié au fait que la société est souvent plus critique envers les femmes qu’envers les hommes. Et la conséquence est qu’elles peuvent ne pas se sentir à la hauteur », remarque Federica Calevro.
La mixité au service du collectif
« Dans une équipe aussi c’est primordial d’avoir une mixité. Cela nourrit nos échanges et nos regards. Chacune et chacun apporte son vécu et ses compétences, ses qualités. C’est comme cela qu’on avance, qu’on atteint la réussite. La mixité aide aussi dans la gestion RH, car on a souvent besoin de visions très différentes pour assister les collègues en difficulté, ou résoudre un litige. En travaillant en binôme avec des hommes à la direction de mon labo (le Directeur d’Unité dont j’étais la Directrice d’Unité Adjointe, ou le Directeur d’Unité Adjoint actuel de mon labo), j’ai pu voir comment on se complète, on se tempère, on arrive à se mettre des limites réciproquement, et ça marche », assure Federica Calevro.
« La diversité a du bon ! En tant que chercheuse, j'ai toujours apprécié de travailler avec des hommes. Pour moi, la difficulté d'interagir avec l'autre ne relève pas d'une différence de sexe, de couleur ou de nationalité mais celle de ne pas partager les mêmes valeurs. Peu m'importe que mon collaborateur soit fille ou garçon ou non genré, du moment que nos valeurs sont communes. Mais force est de constater les chiffres. Et de se dire qu'il y a de l'autocensure », complète Jannick Rumeau.
Éviter l'auto-censure
Les femmes sont proportionnellement moins nombreuses dans le métier de chercheuse (29 %) que dans les professions de soutien à la recherche (42 %). Et lorsqu’on s’intéresse aux postes à responsabilité le chiffre est assez bas. « Je ne pensais pas que j’étais capable de prendre des fonctions de direction », commente Valérie Sartre « C’est grâce au soutien d’une autre femme, Marie-Christine Baietto, que j’ai franchi le pas de candidater à cette fonction ». Car pour prendre des fonctions de direction, il faut avoir bien évolué dans sa carrière. Pour la direction d’un laboratoire, par exemple, cela correspond à avoir déjà été promu dans le corps des Professeurs des universités ou Directeur de recherche. Et les femmes sont souvent moins nombreuses dans ces corps.
« De mon côté, lorsque je pose la question concernant des prises de fonction à responsabilité à des collègues d’autres laboratoires, alors qu’elles auraient les capacités pour diriger une structure, je constate qu'elles s'autocensurent. Elles pensent, à raison, qu’elles seront soumises à une pression supérieure que leurs collègues hommes, en recouvrant des fonctions de direction. Une femme se doit d’être compétente et organisée, il y a rarement la place pour une erreur, pour un faux pas, pour un moment de fatigue. Elles seront aussi critiquées plus facilement lors de leur prise de parole. Dans le cas d’une discussion, je vois encore des hommes couper la parole aux femmes, lever la voix pour couvrir leur voix. Je pense que certains ne s’en rendent même pas compte. Cela peut décourager les collègues » nous partage Federica Calevro.
L’importance du Rôle modèle
Dès le plus jeune âge, il faut sensibiliser et montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent embrasser une carrière scientifique. « D’ailleurs, je suis souvent intervenue pour présenter mon parcours au sein des lycées afin de témoigner de la possibilité d’être chercheuse, femme et mère » fait part Marie-Christine Baietto. « Les femmes, mais également les personnes issues de milieux sociaux moins favorisés, ne devraient pas s’exclure automatiquement des parcours scientifiques prestigieux » nous rappelle Valérie Sartre. « Il manque une représentativité pour encourager les profils compétents à embrasser une carrière scientifique ». Une partie se joue dès l’enfance et une autre au sein même de l’INSA. « Le fait que la Direction de la Recherche INSA soit assurée par une femme, qui est largement reconnue pour ses compétences et ses qualités à prendre des décisions, a un effet positif sur les motivations des jeunes chercheuses et enseignantes-chercheuses à prendre des responsabilités. Nous voyons en Marie-Christine un exemple très positif de réussite féminine » complète Federica Calevro.
Plus largement, ce problème de représentativité, même si cela évolue, se retrouve dans les prises de parole médiatique. Les hommes occupent beaucoup plus cet espace. Certaines études, notamment celle de l’Observatoire des inégalités, confirment que les femmes sont présentes dans une bien moindre proportion que les hommes, qui dominent. Globalement, les hommes sont plus souvent invités par les journaux, on retrouve plus d’articles publiés par des hommes que par des femmes et celles-ci sont également beaucoup moins citées que les hommes. Et cela n’aidera pas à se débarrasser de notre savant fou… « Alors oui, il faut continuer à se battre en science et en recherche pour la génération suivante », conclut Jannick Rumeau.
____________________________
[1] Aphorisme attribué à Albert Einstein – dont on se questionne aujourd’hui sur le rôle de sa femme dans ses recherches.
[2] Cette étude montre que, de la physique des particules aux sciences sociales, les scientifiques, hommes et femmes, associent pour la plupart « science » et « masculin » dans leur mémoire sémantique (la mémoire des concepts et des mots). Ce stéréotype est implicite, c’est-à-dire que, le plus souvent, il n’est pas détectable au niveau du discours. Et il est équivalent à celui observé dans la population générale. Et ce biais influence les jurys.
[3] Au Moyen Âge, la religion et la culture empêchent l’éducation et la participation des femmes dans les sciences.
[4] Citation du philosophe Poullain de la Barre (1647-1723), ardent défenseur de la cause féminine.
[5] Sources : MESRI - État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n°16
88 % contre 78 % . En 2019, avant la réforme du baccalauréat, elles étaient 47,5% en filière scientifique. En 2021, plus que 44,7% suivent un parcours scientifique au lycée.
[6] À nuancer avec la mise en place du nouveau baccalauréat. Les derniers chiffres concernant la nouvelle réforme montrent un net recul de la parité dans les matières scientifiques, surtout les maths.
[7] Discours : Frédérique Vidal rappelle son engagement pour favoriser la place des femmes dans les filières scientifiques
[8] À retrouver : Pourquoi les filles sont-elles toujours minoritaires dans les écoles d’ingénieurs ?
[9] Moyenne CNRS 34, 4 % en 2021 contre. 30,6% en 2001
[10] CNRS Mathématiques :Effectifs permanents en mathématiques produit
L’association : « Femmes & Mathématiques
[11] Par exemple l’université technologique de Eindhoven, sur certains postes, pendant six mois, a mis un système où seules les femmes peuvent candidater, si à l’issue des six mois le poste n’est pas pourvu, les candidatures sont ouvertes à tous et toutes.
[12] Rapport 2020 – MESRI- Indépendamment de leur secteur d’emploi, public ou privé, le rapport femmes-hommes diffère principalement par le domaine de recherche. La parité est acquise dans les domaines de la santé et de la chimie, débouchés de disciplines de formation où la proportion de femmes est élevée. En revanche, la parité reste très éloignée dans l’aérospatial, l’énergie nucléaire et les technologies du transport et du numérique.
[13] Étude menée par l’université de Melbourne.

Sciences & Société
Petit-déjeuner d'échanges pour découvrir le monde de la recherche
As-tu déjà pensé à faire un stage dans un laboratoire ou à faire une thèse ? La recherche t'intrigue ? Tu ne connais pas bien les débouchés dans ce secteur
Viens découvrir ce monde au travers des retours d'expérience de chercheur(e)s, ingénieur(e)s, enseignant(e)s et ancien(ne)s des départements IF/TC qui ont pris cette voie, puis échanger avec elles et eux autour d'un petit-déjeuner.
Au programme :
8h30h - 9h45 : retours d'expérience
- Antoine Boutet : maître de conférences à l'INSA Lyon (membre de l'équipe Privatics)
- Benoit Renault : récent docteur (membre de l'équipe Chroma), ancien étudiant en IF de l'INSA Lyon
- Christine Solnon : professeure à l'INSA Lyon (membre de l'équipe Chroma)
- David Parsons : ingénieur de recherche Inria
- Audrey Denizot : chargée de recherche Inria (membre de l'équipe AIstroSight)
Anne-Laure Fogliani, responsable communication pour Inria à Lyon, clôturera la matinée en présentant Inria, les grandes thématiques de recherche dans le numérique à Lyon et les possibilités de rejoindre les équipes de recherche (thèses, stages ...).
9h45 - 10h30 : échanges / moment convivial autour d'un petit-déjeuner Afin de calibrer le petit-déjeuner, merci de vous inscrire en ligne.
Información adicional
- antoine.boutet@insa-lyon.fr
-
La Rotonde, Insa-Lyon
Palabras clave
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19ᵉ Colloque S.mart "Recherche et enseignement agiles pour une industrie soutenable"
Desde 12 Hasta 15 MayoAteliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
Recherche
Jean-Yves Cavaillé lauréat du Certificat d’honneur du Ministre des Affaires étrangères japonais
Vendredi 15 décembre 2023, le Pr Jean-Yves Cavaillé s’est vu remettre le certificat d’honneur du Ministre des Affaires étrangères du Japon lors d’une cérémonie organisée en son honneur, à l’INSA Lyon, par le Consul du Japon à Lyon, M. Kuratomi Kenji.
Cette haute distinction est décernée par l’État japonais à des individus qui sont à l’origine de réalisations exceptionnelles dans le domaine des relations internationales et qui ont joué un rôle majeur dans la promotion de l’amitié entre le Japon et d’autres pays. À travers ce certificat d’honneur, le Japon a tenu à reconnaître et saluer les réalisations initiées et développées par Jean-Yves Cavaillé, ces vingt dernières années, pour renforcer la coopération scientifique et technologique entre le Japon et le France.
Impliqué dans la coopération avec l’Université du Tohoku à partir de 2003, Jean-Yves Cavaillé a créé dès l’année suivante un bureau de liaison entre l’Université du Tohoku et l’INSA Lyon. En 2008, il a lancé ELyT-Lab, un laboratoire commun entre l’Université du Tohoku, le CNRS, Centrale Lyon et l’INSA Lyon, dont il a assuré la direction pendant 8 ans. Après avoir créé ELyT School en 2009, pour attirer des étudiants vers les dispositifs de doubles diplômes franco-japonais, il a mis en place un accord de cotutelle de thèses à compter de 2012 entre l’Université du Tohoku et l’INSA Lyon.
En 2016, il a créé ELyTMaX, un Laboratoire International de Recherche, placé sous la tutelle de l’Université de Lyon, de l’Université du Tohoku et du CNRS, et dédié à l’étude des matériaux et systèmes soumis à des conditions extrêmes. Jean-Yves Cavaillé l’a dirigé pendant une année et demie, depuis Sendai.
En 2018, il a mis en place ELyTMaX@Lyon, le site français d’ELyTMaX, puis ELyT Global, un réseau international de recherche, soutenu par le CNRS, l’Université du Tohoku, l’INSA Lyon, Centrale Lyon et l’Université Claude Bernard Lyon 1, ouvert à de nouveaux partenaires académiques et visant à développer de nouvelles collaborations industrielles.

Sciences & Société
Conférence Inter-INSA sur la recherche en Cybersécurité "Sécurité logicielle et malware"
Avez-vous déjà pensé faire une thèse ? Le monde de la recherche vous intrigue ? Des atomes crochus avec la cybersécurité mais le sujet est vaste et vous ne savez pas part où commencer ? Le projet CyberINSA du groupe INSA organise des conférences sur la recherche en cybersécurité pour répondre à vos questions.
La première conférence intitulée **"Sécurité Logicielle et Malwares"** sera donnée par Jean-Yves Marion Professeur et chercheur au LORIA.
Cette conférence s'adresse à l'ensemble de la population étudiante de l'INSA Lyon et ne nécessite pas de connaissances spécifiques ni de niveau minimum. Que vous soyez 1A ou 5A, si la cybersécurité vous intéresse, n'hésitez pas : venez découvrir les dernières avancées scientifiques autour des virus, malware et autres logiciels malveillants et l'envers du décor de la recherche dans ce domaine !
Cette conférence en multiplexe avec les autres INSA sera diffusée dans l'amphi Chappe bat. Hedy Lamarr (dpt TC) à partir de 18h15 et sera suivie d'un moment d'échange avec des chercheurs en cybersécurité autour d'un buffet.
Pensez à vous inscrire avec le lien suivant : https://evento.renater.fr/survey/participation-conference-cyberinsa-20-dec-2cm7y6ng
Información adicional
- antoine.boutet@insa-lyon.fr
- https://cyberinsa.insa-cvl.fr/informations-conference/
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Amphithéâtre Hedy Lamarr (Claude Chappe)
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Recherche
L’excellence scientifique de l’INSA Lyon à l’honneur
Vendredi 1er décembre, la communauté scientifique de l’INSA Lyon s’est réunie pour célébrer l’excellence de ses enseignants-chercheurs et doctorants nouvellement diplômés. Sur scène, les lauréats ont été mis à l’honneur, recevant une distinction scientifique ou un prix de thèse. Cette cérémonie a également permis de remettre le prix spécial du meilleur article publié sur le média « The Conversation » et de diplômer les nouveaux docteurs.
Pour l’occasion étaient conviés Gabriele Fioni, Recteur délégué pour l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation et, depuis Miami, Bertin Nahum, diplômé de l'INSA Lyon et fondateur de Quantum Surgical, entreprise lauréate l’an dernier du prix Galien USA, considéré comme l’équivalent du prix Nobel pour la recherche biopharmaceutique.
Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon, Marie-Christine Baietto, directrice de la Recherche et de la valorisation et Mickaël Lallart, directeur du Département Formation par la Recherche et Études Doctorales ont remis les différentes distinctions au cours d’une cérémonie placée sous le signe de l’excellence.
Nos chercheurs, véritables ambassadeurs, offrent chaque année à l’INSA Lyon, l’opportunité de rayonner au-delà de nos frontières. A travers l’excellence qu’ils et elles ont démontré dans leurs domaines de spécialités respectifs, au travers de travaux de recherche, de distinctions de sociétés savantes, de compétitions et congrès internationaux, d’articles, de présentations, qu’ils soient au début ou à un stade plus avancé de leur carrière scientifique, toutes et tous ont contribué à la réputation de l’INSA Lyon et du site de Lyon-Saint-Etienne.
Le prix « The Conversation – INSA Lyon » attribué à des chercheuses et chercheurs de l’INSA qui, au cours de l’année, ont proposé un éclairage sur leurs travaux à travers un article de vulgarisation a été décerné à Rémy Gourdon et Mathieu Gautier, tous deux enseignants-chercheurs au laboratoire DEEP, pour leur article sur le traitement des eaux usées en France par des filtres plantés de roseaux.
Cérémonie de remise des diplômes de doctorat et distinctions scientifiques @insadelyon
— Gabriele Fioni (@GFioni) December 1, 2023
Félicitations aux chercheurs et aux plus de 120 nouveaux docteurs pour l’excellence de leur travaux au service de la société. pic.twitter.com/HPMwGu1Sr3
J'ai eu l'honneur de m'adresser aux diplômés de l'@insadelyon, dont je suis moi-même issu. La recherche et cruciale pour changer le monde. Chez @QuantumSurgical, nous comptons pas moins de 12 docteurs parmi nos 110 employés ! Bravo aux diplômés de l'INSA ! pic.twitter.com/92CSbSJcjY
— Bertin NAHUM (@BertinNAHUM) December 6, 2023