Villeurbanne

15 Abr
15/Abr/2025

Vie de campus

Le « Karna » : aux origines d’un festival étudiant qui fait du lien avec la cité

Depuis 1993, le Karnaval Solidaire de l'INSA Lyon anime le campus de La Doua et les rues de Villeurbanne d'une ambiance festive et engagée. À l’origine : un défilé pour mardi-gras au profit des bonnes œuvres. Aujourd’hui : un festival qui rassemble chaque année étudiants, enfants et parents villeurbannais dans une programmation diversifiée, faite d’ateliers, de concerts, de parades, de conférences et de vie sur le campus.
Au fil des éditions, le rendez-vous étudiant est devenu institution locale, portée par l’engagement bénévole et une volonté affirmée de créer du lien entre les générations et les milieux sociaux. Sur le campus ou dans la ville, « le Karna » est une caisse de résonance pour d’autres idées alternatives ; celle d’un récit de société où communauté et engagement sont mis au cœur de la cité. 

Aux origines : le défilé du Carnaval

Tout débute avec un projet simple, mais ambitieux : faire du traditionnel carnaval, une action solidaire. « Quelle fierté lorsque place Bellecour, le Konvoi Humanitaire du premier défilé déposait son butin de vêtements, nourriture et de dons numéraires pour donner aux bonnes œuvres ! », peut-on lire dans les documents d’archives de la vie associative de l’INSA Lyon. C’était en 1993 : un défilé de carnaval, à l’origine de l’un des évènements les plus conséquents de la vie étudiante insalienne, le Karnaval Solidaire, anciennement le Karnaval humanitaire et solidaire.

 

 
Archives INSA Lyon

 

D’année en année, l’initiative prend de l’ampleur. Sauf quelques rares exceptions, les chars et les costumes défilent pour le mardi gras dans les rues de Villeurbanne. Musiciens, jongleurs, danseurs et costumes fous répondent présents à l’invitation qui réunit 2000 enfants des écoles primaires alentours. La légion est guidée par une marionnette géante, suivie des chars construits à partir de toutes sortes de palettes, cartons, cordes et caddies. Jusqu’à il y a peu, on mettait le feu à Monsieur Karnaval sur la place de la Mairie, après l’avoir suivi depuis le campus de La Doua ; une tradition abandonnée pour des raisons évidentes de sécurité mais qui n’ôte rien à la chaleureuse ambiance de l’évènement.

 

L’évolution vers le format « festival »
Très vite, une seule après-midi ne suffit plus à contenir l’énergie et les idées des Karnavaleux. Les festivités s’étant élargies avec une soirée spéciale à la K’fêt le vendredi de la semaine du défilé, la possibilité d’investir le campus de La Doua se présente. Le projet prend alors une nouvelle dimension : celle d’un festival ancré sur le campus, pensé comme un temps fort de rencontres et d’animations. Dès lors, durant une semaine, le campus devient un lieu de réunion pour les étudiants et les citoyens engagés. Il aura fallu quelques éditions supplémentaires pour roder le modèle économique de l’évènement et ainsi effacer un léger déficit financier qui aurait pu freiner les bonnes intentions étudiantes.

 

 
Archives INSA Lyon, VISA (1994)

 

C'est ainsi que le Karnaval devient rendez-vous annuel, entre le mardi gras et Pâques, offrant le loisir aux petits et grands, de profiter pleinement des parades, des conférences et des concerts en fêtant le printemps. 

 

La fête pour les bonnes causes
Dès l’origine, la fête porte une dimension profondément solidaire. « C’est un évènement qui se veut politiquement éveillé, socialement engagé et écologiquement créatif », écrivait-on dans l’Insatiable à l’occasion d’un hors-série consacré. Déjà les premières parades prévoyaient des camionnettes pour servir des repas chauds aux personnes dans le besoin. À chaque édition, les membres redoublent d’effort pour engranger des bénéfices sur les concerts, la vente d’en-cas et de boissons, ou le bal folk. 

L’engagement des bénévoles dépasse rapidement les frontières locales et se porte à l’échelle l’internationale, comme en 1995 où l’élan de solidarité inonde l’établissement tout entier : membres du personnel et étudiants décident de ne manger qu’un bol de riz pour faire réaliser une économie de fonctionnement permettant d’envoyer 33 tonnes d’aides aux réfugiés victimes de la guerre de l’ex-Yougoslavie. Les Restos du Cœur et divers projets d’accès à l’eau au Burkina Faso ont ainsi été longtemps liés avec l’association étudiante.

 

 
Archives INSA Lyon, VISA (1995)

 

Plus récemment, le Karna recentre ses actions sur des projets de proximité. Ces dernières années, la solidarité privilégie le soutien de projets locaux, afin de laisser la possibilité aux bénévoles de s’engager humainement et non plus seulement financièrement, sur des projets plus près de chez eux. 
En 2025, le Karnaval Solidaire est en lien avec l’association C.L.A.S.S.E.S, qui accompagne des familles en grande précarité dans la scolarisation de leurs enfants sur le territoire de la métropole lyonnaise.

 

Ouvert sur Villeurbanne et ses habitants

Ce qui fait la singularité du festival, c’est aussi son ancrage territorial. Parmi les ambitions sociales de l’association étudiante, une intention forte perdure avec les années : celle de donner sa voix à la cité et à ses citoyens. Une action que la ville de Villeurbanne soutient de longue date et avec qui le bureau a su entretenir un lien fort. Faire du lien se traduit concrètement dans la programmation, d’une journée dédiée à la vie locale : le samedi, les associations voisines sont invitées à animer des ateliers et présenter leurs actions aux visiteurs.

 


Karnaval Solidaire, 2025

 


Le lien se renforce aussi en fin de journée où le festival attire bien au-delà du cercle étudiant ; il n’est pas rare de voir affluer des gens au-delà du campus lors des soirées. Seule « la Marmite », une scène ouverte, reste l’exception, attirant les musiciens insaliens impatients de performer. « Cette année, la nouvelle soirée théâtre et dragshow a fait venir des personnes qui ne connaissaient pas le Karna. La thématisation des soirées permet d’accueil des publics différents et cela est une force », explique Clémence, en charge de « la kom », au sein de l’association pour l’édition 2025.

 

 
Conférence Karnaval Solidaire 2025

 

Au Karna, c’est aussi un autre récit de société que l’on vient chercher ; un récit dans lequel la communauté est reine. D’ailleurs, l'association marque les bénévoles qui reviennent chaque année, depuis plus de 30 ans pour certains. « Cette particularité a façonné l’identité du Karna. Pour le recrutement des bénévoles, il est important pour nous de nous ouvrir à d’autres sources que celles du campus », explique Clémence. Si la majorité des membres sont étudiants à l'INSA Lyon, il n’est effectivement pas rare que des bénévoles extérieurs à l’établissement viennent prêter main-forte lors de la semaine de festivités. Ainsi, les Karnavaleux sont accueillis à bras ouvert pour s’activer autour du grand chapiteau de cirque qui prend place au milieu du campus et qui laisse cette douce sensation d’évasion de la ville pour la campagne. 

 

Palabras clave

17 Nov
17/11/2024

Sciences & Société

Raid Dingue de Villeurbanne

1 journée durant laquelle plus d'une centaine de participants en équipe de 2 donnent le meilleur d'eux-mêmes pour venir à bout de multiples épreuves sportives (Trail, VTT, R&B, ...).

Un évènement ouvert à tous.

Un parcours variant de 37 à 55 km pour s'adapter à tous les niveaux, aussi bien amateurs que confirmés.
Évènement handi-accessible ♿

16 Mayo
16/Mayo/2024

Formation

Pour des espaces sportifs urbains inclusifs et durables

Le sport, s’il contribue au développement humain et à la cohésion sociale, n’est pas toujours accessible au plus grand nombre. Pour répondre aux besoins de ses habitants, les villes optent souvent pour des espaces urbains sportifs, en accès libre. Cependant, si ces îlots sont en théorie ouverts à tous, ils ne sont pas toujours des espaces inclusifs. À Villeurbanne, trois étudiants du département génie énergétique et génie de l’environnement de l’INSA Lyon se sont intéressés au nouvel aménagement d’un espace sportif dans le quartier Cusset. L’objectif : proposer une installation plus inclusive et plus durable pour l’espace sportif du complexe sportif des Iris. Ils ont d’ores et déjà proposé le projet à la Ville de Villeurbanne.

Si l’immense majorité1 des Français reconnaît que la pratique d'une activité physique contribue à leur bien-être, plus de la moitié des citoyens âgés de 15 à 75 ans n'atteignent pas un niveau d'activité physique suffisant pour se maintenir en bonne santé. En cause, la proximité des installations et le coût d’accès. Par ailleurs, la participation au sport est également influencée par le sexe et l'âge : beaucoup d’infrastructures sportives ne prennent pas en compte les enjeux de féminisation du sport et de leur accessibilité pour les séniors. « À Villeurbanne comme dans la plupart des grandes agglomérations, les femmes et les séniors sont sous-représentés parmi les utilisateurs des équipements sportifs de plein air en libre accès », introduit Louison Cochet, élève-ingénieur en 5ᵉ année de GEn. « C’est un constat qui nous a été confirmé lors des échanges préliminaires au projet, avec des Villeurbannais. » 

 

 
L’espace d’étude des trois élèves-ingénieurs, le complexe sportif des Iris à Villeurbanne.

 

Ce projet, Louison Cochet et ses camarades Tom Verheyde et Burak Mirzanli sont allés le décrocher en frappant à la porte de la mairie de Villeurbanne. « Dans le cadre d’un cours2 de gestion de projet, nous étions à la recherche d’un sujet qui fasse sens pour nous. En tant que sportifs, un appel d’offres de la Métropole de Lyon pour la création d’îlots sportifs inclusifs a attiré notre attention. Quelques semaines plus tard, le directeur des sports de Villeurbanne nous lançait le défi de dresser un plan d’aménagement et une étude de faisabilité pour la reconfiguration de quatre terrains de tennis du complexe sportif des Iris », ajoute Burak Mirzanli. Après plusieurs entretiens auprès des usagers, les trois étudiants identifient les enjeux sociaux et techniques. Le projet de reconfiguration du complexe sportif devra répondre à deux exigences : devenir un lieu véritablement ouvert à toutes et tous, et un espace durable.

 

 
Proposition d’aménagement pour le complexe des Iris à Villeurbanne. (Crédits : Louison Cochet, Tom Verheyde et Burak Mirzanli)

 

Que sous-entend un espace sportif inclusif ? « C’est un lieu qui valorise, dans un premier temps, toutes les pratiques sportives, du sport collectif et individuel à la pratique artistique. Ensuite, c’est féminiser l’espace, en proposant des activités qui ne soient pas prises d’assaut par le public masculin, comme cela peut être le cas sur les espaces de street workout par exemple. Enfin, c’est aménager et équiper le lieu pour assurer une mixité sociale et multigénérationnelle », répond Tom Verheyde. Pour rassembler les citoyens autour du sport, l’équipe étudiante a ainsi misé sur des activités ciblées : fitness, beach-volley, espace danse et yoga, padel, tables de ping-pong et échecs. « Il existe aussi un enjeu d’appropriation du terrain par les habitants du quartier. Nous avons ajouté à la proposition le développement d’une identité forte, avec des animations récurrentes et des espaces décorés. »

 


Vue en 3D de la proposition d’aménagement dressée par les trois élèves-ingénieurs.

 

Côté durabilité, l’enjeu a été de rendre le complexe des Iris, actuellement très bétonné, plus vert. Accompagnés par des professionnels du secteur d’agrès extérieurs, les trois étudiants ont d’abord privilégié la réutilisation de l’existant : utilisation de matériaux sobres ; réutilisation de dalles de béton déjà existantes ; et végétalisation pour lutter contre les îlots de chaleur, limiter la pollution et favoriser le développement des écosystèmes. « Notre proposition faisait état d’une forte emphase sur le végétal, mais lors de notre présentation à la Ville de Villeurbanne, nous avons découvert que ça n’était pas si facile de végétaliser ce type d’espace, en raison de contraintes techniques comme l’emplacement de conduites de gaz par exemple ou l’entretien de ces espaces. Forcément, il y a des réalités technico-économiques auxquelles on ne peut pas échapper sur ce type de projet. Cela nous a un peu déçus, mais nous étions plutôt heureux de voir nos travaux séduire la Direction des sports de la ville. Cela nous a enseigné que la conduite du changement, notamment en matière de sobriété et de végétalisation, n’était pas toujours un long fleuve tranquille », ajoute Tom.

Le plan d’aménagement et l’étude de faisabilité pour le complexe sportif des Iris sont désormais livrés à la Ville de Villeurbanne qui souhaite répondre à l’appel à projets3 de la Métropole de Lyon, sur la base des travaux réalisés par les trois élèves-ingénieurs de l’INSA Lyon.

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[1] Source : Préserver sa santé > Activité physique et santé
[2] Module INSPIRE, mener des projets responsables 
[3] Appel à projets - Création ou reconfiguration d’ilots multisports inclusifs, de plein air et en libre accès

 

Palabras clave

26 Nov
26/11/2023

Sciences & Société

Raid Dingue de Villeurbanne

1 journée durant laquelle 120 participants en équipe de 2 donnent le meilleur d'eux même pour venir à bout de multiples épreuves sportives (Trail, VTT, R&B, ...) 🏆

Un parcours variant de 37 à 55 km pour s'adapter à tous les niveaux, aussi bien amateurs que confirmés.
Évènement handi-accessible ♿

Pour cette édition, Armand Thoinet sera à nouveau parrain.

Lancement des inscriptions : 23 octobre 2023
24 Mayo
24/05/2023 12:30

Sciences & Société

Conférence – Projet Gratte-ciel Centre-ville : habiter le ciel, vivre la ville par A. Thouvenot

Une conférence proposée dans le cadre des Midis de l’aménagement, organisés par le département Génie Civil et Urbanisme (GCU) de l’INSA Lyon et l’UMR 5600 Environnement Ville Société

Agnès Thouvenot est l'invitée de ce mois de mai pour parler du projet « Gratte-ciel Centre ville ».

Agnès Thouvenot est 1re adjointe au maire de Villeurbanne (transition écologique, urbanisme, habitat et ville durable) ; elle est également présidente de la Société Villeurbannaise d’Urbanisme (SVU) qui possède et gère les immeubles des Gratte-ciel à Villeurbanne.

La séance aura lieu de 12h30 à 13h30.

Plus d’informations sur la séance : https://objeturba.hypotheses.org/539
Plus d’informations sur les Midis de l’aménagement : https://objeturba.hypotheses.org/406

 

© Composition du projet d’ensemble Gratte-ciel Centre-ville (mai 2015) ©Métropole de Lyon – extrait du Dossier de presse mai 2015

Información adicional

  • sophie.vareilles@insa-lyon.fr
  • Département GCU - .Bâtiment E. Freyssinet - salle IOA, 1er étage - Villeurbanne

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02 Nov
02/Nov/2022

INSA Lyon

Les récits ont le pouvoir de faire entrer les individus en résonance

C’est un petit cube lumineux de quelques mètres carrés qui trône à l’entrée de la Bibliothèque Marie Curie. Conçue pour être installée dans l’espace public, la Cabane à histoires invite à s’y assoir pour prendre le temps d’écouter le récit d’un objet étonnant : une coiffe amazonienne de la tribu Kayapo.  

Une musique dès les premiers pas et un objet qui apparaît à l’écran. L’auditeur embarque pour un voyage où s’ouvre le monde : à travers les bruits captés dans la plus grande forêt du monde et un récit singulier. Carine Goutaland, directrice du Centre des Humanités, revient sur les raisons de l'installation de ce paysage sonore saisissant sur le campus d’une école d'ingénieurs : plus qu’une immersion d’un instant, la Cabane à histoires pourrait avoir le pouvoir de transformer notre rapport au monde. À la condition d’accepter de se laisser surprendre, au détour d’un couloir. Explications.

En quoi consiste cette « Cabane à histoires » ?
La Cabane à histoires est un dispositif créé par le musée des Confluences. L’idée est de passer quelques minutes immergé dans un paysage lumineux et sonore qui permet de raconter une histoire autour d’un objet des collections du musée. Celle qui se trouve sur le campus de l’INSA Lyon nous parle d’une coiffe-bonnet de la population Kayapo, laquelle vit dans l’État du Pará, au Brésil. Quand on pénètre dans cet espace, en entrant ou en sortant de la bibliothèque, on accepte de se laisser transporter par un récit, une histoire que l’on n’aurait pas eu l’occasion d’écouter autrement. Ici, il s'agit d’un jeune homme de la tribu Kayapo dont on raconte l’histoire et c’est toute la magie de cette petite boîte : elle est posée là, elle nous arrête un instant au milieu de nos déplacements quotidiens et nous met en relation avec des êtres humains qui se situent à des milliers de kilomètres et à qui les récits dominants n’ont que peu laissé la parole. Pour le sociologue et philosophe Hartmut Rosa, « nous devons apprendre à écouter le monde à le percevoir nouvellement et à lui répondre1 ».  Cette Cabane à histoires illustre bien cette idée : dans notre société où tout va très vite, nous sommes connectés en permanence avec le monde mais souvent sans prendre le temps d'être transformés et touchés par lui. En s’arrêtant dans la Cabane à histoires, pour quelques minutes et au milieu du tumulte quotidien, on s'offre une occasion d'entrer en résonance avec un autre univers pour en ressortir (un peu) transformé.

Le dispositif sonore propose de « réenchanter notre rapport au monde ». Qu’est-ce que ça veut dire ?
Parler de « réenchantement de notre rapport au monde » suppose que celui-ci est « désenchanté ». Max Weber, sociologue allemand, parlait déjà du « désenchantement du monde » il y a un siècle pour désigner le processus de rationalisation mis en place avec le capitalisme moderne. Il me semble que cette notion va aussi de pair avec une perte de sens, un sujet dont on entend beaucoup parler aujourd’hui… Par ailleurs, nos sociétés occidentales modernes sont marquées par un héritage platonicien où la « rationalité » prend le pas sur la « sensibilité ». Bien sûr, la rationalité scientifique, d’ailleurs souvent réduites aux sciences dites exactes, est indispensable dans l'analyse des enjeux planétaires auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Cependant, on sent bien qu’il y a une urgence à prendre en considération d’autres formes de rationalités pour mieux comprendre le monde dans sa complexité et surtout, imaginer des réponses à la hauteur des enjeux2. En entrant dans la Cabane à histoires, on fait un pas de côté, un détour par la fiction et on accepte de se laisser toucher au cœur et de faire une place à la sensibilité. Les récits ont ce pouvoir de transformer et de faire entrer les individus en résonance ; je crois que c’est ce que veut dire « réenchanter notre rapport au monde ». 

Pourquoi l'INSA Lyon a-t-il décidé d'accueillir la Cabane à histoires sur le campus ? 
Nos relations avec le Musée des Confluences se sont concrétisées à travers un partenariat il y a quelques années autour d'un projet intitulé « Récits d’objets, objets en récit », mené dans le cadre d’un cours de sciences humaines et communication en 3e année d’informatique. Pour des élèves-ingénieurs, le récit constitue un outil très intéressant pour compléter leurs compétences scientifiques et techniques. Cela peut sembler à priori éloigné de la science mais on peut l'envisager comme une voie complémentaire d'accès à la connaissance, et aussi comme un puissant levier d'action. Plus que jamais peut-être, nous attendons des ingénieurs qu'ils sachent se positionner par rapport aux choix technologiques et aux visions du monde qui les accompagnent. Nous avons besoin d'ingénieurs capables aussi de mobiliser leur imagination pour penser les futurs possibles et contribuer à façonner des futurs souhaitables3. C'est un aspect qui ressort clairement dans les réflexions menées actuellement dans le cadre du chantier d'évolution de la formation INSA : si nous devons continuer à former des ingénieurs dotés d'une solide expertise scientifique et technique, « l'art, les lettres et la fiction peuvent, entre autres, contribuer à libérer nos imaginaires et envisager de nouvelles trajectoires techniques compatibles avec les enjeux4 ». En fait, explorer aussi les dimensions sensibles et émotionnelles en tant qu'ingénieur permet d’augmenter sa capacité d’action et son pouvoir de transformation. C’est d’ailleurs quelque chose que Gaston Berger avait en tête en développant le modèle INSA. Si l’on reste toujours à distance de nos sensibilités, on n’arrivera jamais à transformer le monde. Un peu comme le dit Cyril Dion dans son Petit Manuel de la résistance contemporaine : « il faut changer d’histoire pour changer l’Histoire ». Encore et toujours une histoire d’histoire, en somme !

 

La Cabane à histoires - Dans le vestibule de la BMC
Du 13 octobre 2022 au 31 janvier 2023

Prêtées par le Musée des Confluences dans le cadre de « Villeurbanne Capitale de la Culture Française 2022 », quatre Cabanes à histoires sont installées dans l’espace public villeurbannais. Ces dispositifs sonores proposent une immersion dans un paysage sonore, le temps d’une courte histoire. Grâce à un son immersif, chaque histoire nous invite à réenchanter notre rapport au monde et à ses cultures en nous rapprochant des bruits de la terre et de la nature, tout en nous interrogeant sur de grands enjeux d’aujourd’hui.
La Bibliothèque Marie Curie accueille l’une d’elle pendant trois mois. En savoir plus.

Villeurbanne capitale francaise de la culture

 

[1]   H. Rosa, Accélérons la résonance ! Pour une éducation en Anthropocène, entretiens avec Nathanaël Wallenhorst, Le Pommier, 2022, p. 53.

[2] Manuel de la grande transition, du collectif FORTES (p.225)

[3] Céline Nguyen et Marianne Chouteau, maîtres de conférences à l'INSA Lyon, Imaginer le futur avec les ingénieurs, Cause commune (n°27 janv-fév 2022)

[4] Voir le rapport-manifeste Former l’ingénieur du XXIe siècle issu de la collaboration The Shift Project/Groupe INSA, rapport (vol. 1, février 2022, p. 40)

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17 Mar
17/Mar/2021

Vie de campus

« La culture sert à tisser des liens »

Désormais parmi les 9 villes finalistes à candidater au dispositif « capitale française de la culture 2022 », Villeurbanne espère bien pouvoir remporter le nouveau label initié cette année par le ministère de la culture. Pour se démarquer, la ville présente un projet qui place la culture au plus près de ses habitants, dont 50 % sont des jeunes de moins de 30 ans. L’INSA Lyon, dont le modèle met un point d’honneur à développer la curiosité et l’ouverture d’esprit de ses élèves à travers un accès privilégié à l’art et à la culture, s’est naturellement engagé à soutenir la démarche. Stéphane Frioux, adjoint à la culture de la Mairie de Villeurbanne et Cécile Beaugiraud, responsable du service culturel de l’INSA Lyon, expliquent l’intention. 

En quoi consiste le label « capitale française de la culture 2022 » ? Qu’attend la Ville de Villeurbanne de cette candidature ?

Stéphane Frioux : Villeurbanne fait partie des 9 villes finalistes candidates à ce label qui récompense les territoires engagés pour des politiques culturelles fortes. Ce dispositif vient d’être créé, donc il est évident que la première ville française à se voir honorée sera ainsi sous les feux des projecteurs médiatiques. Au-delà du million d’euros attribué à la ville lauréate, pour favoriser un événementiel exceptionnel en 2022, ce serait une reconnaissance pour toute la politique culturelle menée par la municipalité depuis près de 40 ans et de la qualité des structures qui l’accompagnent. Cette candidature est aussi l’occasion de proposer un projet structurant avec les jeunes villeurbannais, qui représentent la moitié de la population de la ville. Notre projet, « Place aux jeunes », consacre donc une place évidente à l’INSA qui apporte une importante valeur ajoutée à notre dossier, grâce à la qualité des projets conçus par le service culturel, les événements organisés par les associations étudiantes et la spécificité de ses filières arts-études.

Comment l’INSA peut aider Villeurbanne à devenir capitale française de la culture 2022 ? 

Cécile Beaugiraud : Nous souhaitons proposer plusieurs actions qui interrogent deux transitions actuellement au cœur de la stratégie d’établissement : la transition numérique et la transition écologique, environnementale et énergétique. L’idée est de travailler avec les forces vives qui composent notre communauté. Les acteurs culturels de l’INSA sont investis et nombreux. L’engagement de l’école dans cette candidature se concrétisera par des propositions de créations citoyennes. Un appel à projets en direction des étudiants, des associations et des enseignements sera proposé pour permettre à nos élèves d’être des ingénieurs artistes, citoyens engagés, médiateurs et spectateurs. Dès septembre 2021, nous engagerons des projets participatifs, jusqu’en 2023. Nous souhaitons par le biais de la culture mobiliser les enseignants et les chercheurs sur ces thématiques institutionnelles, également portées par notre ville. Cette candidature est déjà une formidable opportunité d’associer Villeurbanne et notre campus où la très belle énergie de la jeunesse résonne au quotidien. 

Que peut apporter la culture aux jeunes ? Pourquoi est-elle importante dans une école d’ingénieurs ?

Stéphane Frioux : Pour moi la culture sert à tisser des liens : entre soi et les autres, entre le passé et le futur, entre des personnes qui se rencontrent par la pratique d’un art ou le spectacle culturel. Il n’y a évidemment pas de personne ni de lieu qui ne soit porteur d’une culture unique et je crois donc que l’INSA et les écoles d’ingénieurs en général ont leur rôle à jouer dans la transmission : pas seulement des savoirs et savoir-faire pour la future vie professionnelle de leurs élèves, mais également des émotions, des valeurs et des souvenirs culturels. J’ai grandi dans les années de la démocratisation culturelle (entre 1980 et 1990) et je crois que c’est pour et avec les jeunes d’aujourd’hui que nous devons penser la transmission de la fameuse « exception culturelle française ».

Cécile Beaugiraud : La culture a le pouvoir de développer l’esprit critique et la créativité. Pour nos futurs ingénieurs, la culture est un moyen de développer l’ingéniosité. C’est d’ailleurs sur cette idée qu’a été fondé le modèle d’ingénieur humaniste de Gaston Berger : former des têtes pensantes et des têtes sensibles. L’accès aux arts engage à décaler le point de vue et avoir un autre regard sur le monde, ce qui permet d’être plus attentifs aux autres et plus performants dans les sciences de l’ingénieur. La culture a également un rôle fédérateur, et nous pouvons le constater en particulier dans la vie associative insalienne qui ne cesse de bouillonner. Même si elle a parfois réussi à prendre d’autres formats, la culture a été très empêchée pendant cette dernière année. Je crois que la crise sanitaire a fait émerger un grand besoin d’expression. Investir les champs culturels est une grande chance pour répondre à cette nécessité sociale. 


L’INSA Lyon soutient Villeurbanne « capitale française de la culture 2022 » 
Villeurbanne a choisi de présenter un projet qui place la culture au plus près des habitants et notamment des jeunes, dans les écoles, les collèges et les lycées. Cette candidature constitue également une nouvelle opportunité de coproduire une politique culturelle ambitieuse avec tous les intervenants du territoire. Le jury final se réunira mi-mars pour désigner la ville choisie parmi les 9 candidatures présélectionnées.

Pour consulter le programme et soutenir la candidature de la Ville de Villeurbanne au label « capitale française de la culture 2022 » : www.villeurbanne.fr/culture2022
 

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07 Mayo
07/Mayo/2020

Vie de campus

LyonTech-La Doua: the new ‘green lung’ of locked-down Villeurbanne

Sur le campus LyonTech-La Doua, la nature poursuit sa vie et prolifère sous l’œil avisé et bienveillant de Loïs Guillot, directrice du service interuniversitaire du domaine de la Doua. Floraison, abattage d’arbres touchés par le chancre coloré, suivi de chantiers et projets d’aménagements font le quotidien bien rempli de la jeune femme logée sur le campus. Récit.

Ce ne sont plus des étudiants, ce sont des familles avec leurs jeunes enfants qui s’offrent une respiration sur l’axe vert, utilisant les galets pour sièges naturels. Ce ne sont plus des professeurs qui circulent à bicyclette sur la piste, ce sont des pères, à vélo ou à pied, qui s’offrent un bol d’air à travers le campus. Depuis que le confinement a éloigné les usagers habituels du site LyonTech-la Doua, un autre public s’est dévoilé sur ces hectares partagés par l’Université Lyon 1 et l’INSA Lyon. À défaut de pouvoir se rendre au parc de la Tête d’Or ou celui de la Feyssine, certains promeneurs en quête de respiration pendant une durée imposée et sur une distance périmétrée ont trouvé une alternative à deux pas de chez eux.

De quoi procurer un sentiment étrange à Loïs Guillot, directrice du service interuniversitaire du domaine de la Doua. Logée sur place, elle a pour jardin l’immensité du domaine de la Doua, qu’elle cajole depuis son premier jour de prise de fonctions. Végétation, plantations, aménagements, réhabilitation, constructions n’ont aucun secret pour cette amoureuse de la nature, qui veille sur le campus comme un cuisinier surveille la cuisson de ses mets. Même en cette période qui a contraint à l’isolement l’ensemble de la population. Isolée, elle ne l’est que physiquement. Depuis sept semaines maintenant, elle assure la surveillance du site, le lien avec les entreprises, la gestion des chantiers, la poursuite des dossiers, et avoue recevoir beaucoup de coups de téléphone et plus de mails que d’habitude. Première spectatrice d’une nature qui se déploie à sa mesure, elle observe un campus désormais en fleurs, loin des usages massifs estudiantins qui l’assaillent habituellement en cette période de l’année : le printemps, les festivals et les post-partiels. 

Mais il est un danger qui guette, et qui a frappé fort cette année. Une maladie grave, causée par un champignon classé parasite de lutte obligatoire. Aucun moyen de lutte efficace n’a été trouvé à ce jour, obligeant le signalement de tout sujet contaminé, et la mise en place de méthodes de lutte en tout temps, et en tout lieu. Cette maladie incurable, véritable fléau pour les platanes, a fait son apparition en France en 1945, lors du débarquement en Provence des troupes américaines. Le bois de leurs caisses de munitions a permis l’introduction du parasite responsable de cette maladie, le chancre coloré. Si le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône sont les départements les plus touchés, la maladie se propage et provoque chaque année l’abattage de milliers de platanes sur tout le territoire français.

Lorsque les symptômes sont apparus sur les platanes du campus, Loïs savait qu’il était déjà trop tard. Le chancre avait déjà commencé à détruire ses hôtes depuis quelques années, rendant le verdict sans appel. L’abattage est assuré, après vérification du diagnostic et établissement de la procédure appliquée par arrêté préfectoral. Plusieurs platanes sont touchés aux extrémités du site, sur le parking de l’ENSSIB et devant la direction du patrimoine de l’INSA. Cette allée emblématique du campus, qui longe les quartiers des élèves de première année, va ainsi perdre un peu de sa superbe. Par une semaine de mai 2020, en plein confinement imposé dans la lutte contre la propagation du COVID-19, dix-huit platanes malades ont été abattus pour éviter qu’une autre maladie ne se propage et ne tuent d’autres arbres alentours. L’image est forte et le parallèle apporte son lot de songes.  

Loïs a assisté à l’opération, menée scrupuleusement par des spécialistes en tenue complète de protection. Elle a regardé ces arbres emmenés presque entiers vers la plateforme de brûlage, laissant derrière eux la marque de leur emprise sur le sol et une partie de leurs racines, qui ne peuvent être totalement retirées. Le terrain ainsi contaminé ne peut permettre la plantation de nouvelles espèces. Il porte les stigmates de l’abattage et marquera son temps, photos d’archives à l’appui. 
Une autre physionomie de l’endroit est à l’étude. À l’horizon, un plan d’aménagement État-Région dans lequel Loïs va s’impliquer, pour proposer un décor végétal en cohérence avec le projet. La zone est très ensoleillée, il y fait très chaud l’été. En attendant, elle ne peut s’empêcher de penser aux étudiants restés confinés dans leur chambre de 9 m2. Même s’ils peuvent sortir une heure par jour sur un campus en pleine nature, le temps doit leur paraître long.

  

La reprise est encore floue, pour eux, comme pour elle. Mais à l’image des arbres dont les fleurs commencent à bourgeonner, et de cette nature qui se déploie malgré tout, la vie se poursuit, et peut parfois se réinventer.

Photo équipe - de gauche à droite : Cindy Maleysson, assistante administrative au SIDD, Lucas Feront et Guillaume Maistre-Bazin, deux jardiniers en service pendant le confinement, et Loïs Guillot, directrice du SIDD

 

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