Sport

24 Ene
24/Ene/2025

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Sport et égalité : 5 insaliennes sportives de haut-niveau livrent leurs regards

À l’occasion de la Journée internationale du sport féminin, cinq étudiantes et diplômées sportives de haut niveau de l’INSA partagent leurs regards sur l’égalité des genres dans le sport.

Chaque 24 janvier, cette initiative instaurée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel en collaboration avec le Comité national olympique et sportif français vise à pallier la sous-médiatisation du sport féminin et à promouvoir sa visibilité dans les médias. Margot Ravinel, Fanny Gibert, Marion Colard, Louise Cervera et Sophia Bouderbane sont insaliennes, ingénieures diplômées ou encore étudiantes, et sportives de haut-niveau. Elles livrent leurs regards sur les défis de la mixité dans leurs disciplines sportives respectives.

 

« Ça n’est pas plus facile pour les filles »
« Je crois que j’ai toujours accepté le fait que les garçons avaient en moyenne une force physique plus développée que les filles. Dans ma discipline qu’est le ski alpinisme, sur tous les parcours (sprint, individuel ou Vertical Race), les garçons sont plus rapides d’environ 20% par rapport aux filles. Il n’y a qu’en manipulations (enlever, mettre les peaux et skis sur sac…) que nous pouvons les challenger ! J’observe tout de même que les écarts entre les filles sont plus élevés alors que les garçons sont plus serrés. Mais nous nous entraînons tout aussi durement, je pense juste qu’on est moins nombreuses, car moins encouragées dès l’enfance à faire du sport et que nous ne nous sentons plus souvent pas capables de pratiquer des sports extérieurs exigeants. Je souhaite que toutes les filles puissent vivre les mêmes émotions sportives que les garçons, et osent se lancer si elles sont passionnées parce que le sport nous fait évoluer et grandir dans tous les domaines de la vie ! » 
Margot Ravinel, élève-ingénieure en 4ᵉ année génie civil et génie urbain, et médaillée olympique de la jeunesse en ski alpinisme.

 

« Fille ou garçon, on cherche la performance »
« En escalade, les femmes rivalisent souvent avec les hommes, car c’est un sport technique où la force physique ne fait pas tout. Je suis consciente d’évoluer dans une discipline où nous sommes plutôt bien lotis en matière d’égalité des sexes. Mais dans d’autres sports, ça n’est pas le cas. Dans l’effort, on a tous envie de repousser les limites, que l’on soit femme ou homme : on va chercher la performance, et c’est tout. J’aimerais que lorsqu’une femme fait une performance incroyable, elle soit valorisée pour son record, et non pas pour le genre auquel elle appartient. Ce que l’on veut, c’est être reconnues à notre juste valeur, pour ce que l’on fait, pas pour ce que l’on représente. » 
Fanny Gibert, ingénieure INSA diplômée de génie mécanique et 3ᵉ de coupe du monde d’escalade sur bloc.

 

« Difficile d’en faire son métier »
« Même s’il y a toujours des inégalités homme-femme, il y a du mouvement et de plus en plus de sport féminin, avec par exemple, la relance du Tour de France féminin en 2021, en cyclisme. Aussi, certaines équipes professionnelles accompagnent les sportives dans leur grossesse, ce qui leur permet de ne pas avoir à choisir entre le sport ou la vie de famille. On voit que le développement va dans le bon sens et je pense que motive et donne de l’espoir aux jeunes athlètes féminines pour leurs carrières professionnelles. Cependant, on sait que les salaires sont encore très différents et qu’il est plus difficile pour les femmes d’en vivre correctement. Il y a une inégalité notable pour moi, qui est l’intérêt porté aux physiques des athlètes féminines dans la communication, notamment sur les réseaux sociaux. Tandis que pour les athlètes masculins, on préfère s'intéresser à leurs performances. » 
Marion Colard, ingénieure INSA diplômée de biotechnologies bioinformatique et 3ᵉ aux championnats du monde U23 d’aviron.

 

« Je veux rêver aux mêmes compétitions que les hommes »
«
Lorsque j’ai commencé le laser, très jeune, les filles et les garçons courraient dans la même catégorie. Mon sport est physique, au niveau des bras et des jambes et je réalise que cette mixité était une vraie chance. Cela m’a poussé à me surpasser physiquement pour dépasser les garçons et accéder aux podiums. Passé 18 ans, dans mon sport, ce sont les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Aujourd’hui, j’ai 26 ans, et j’aimerais faire d’autres bateaux après ma carrière Olympique, mais sur les plus beaux bateaux du monde et sur les plus grandes compétitions de voile, on ne voit que des garçons. Mon rêve était de participer à l’America’s Cup ; aujourd’hui, je rêve de voir un bateau féminin participer à l’America’sCup, pour que les femmes puissent ambitionner les mêmes compétitions que les hommes. »
Louise Cervera, élève-ingénieure en 3ᵉ année de génie mécanique et 5 fois championne de France de voile.

 

« Le sport peut avoir un rôle levier dans la société »
« Je n’ai jamais souffert du manque d’égalité des sexes dans mon sport, le karaté. Je n’ai jamais non plus souffert de remarques sexistes, mais je mesure ma chance. Mon sport est un sport de combat, et il arrive qu’il soit considéré (à tort) comme un sport « masculin », mais je vois beaucoup de petites filles dans les dojos que je fréquente. La société évolue, c’est certain, mais le chemin est encore long. D’ailleurs, cette remarque fait aussi écho à ma posture d’étudiante-ingénieure qui évolue avec les mêmes problématiques dans le domaine scientifique et technique. Le sport a une place importante dans la société, il est fédérateur, et je suis persuadée qu’il peut avoir un rôle levier et aider à faire évoluer la question de l’égalité, au-delà du monde sportif. Aujourd’hui, la parole est laissée aux sportives insaliennes, mais je crois qu’il est important de souligner que, homme ou femme, sans distinction de genre, c’est l’effort collectif qui fera avancer les choses. » 
Sophia Bouder
bane, ingénieure INSA diplômée de génie industriel et 5 fois championne d’Europe de karaté

 

Crédits : Margot Ravinel : FFSU / Fanny Gibert : Lena Drapella / Marion Colard : Daniel Blein / Louise Cervera : Sailing Energy / Sophia Bouderbane : Denis Boulanger.