
Vida del campus
« L’art de l’éloquence implique de maîtriser une palette d’outils afin de captiver, persuader et convaincre. »
Le Jeudi de l'Éloquence, concours organisé par la Fondation INSA, Usbek & Rica et le Groupe VINCI est de retour pour une 3ᵉ édition. Cette année, le concours inter-INSA interroge les élèves-ingénieurs, autour de la question suivante : « Travail : IA-t'il débat ? ». Avant la Grande finale parisienne fin janvier, les éditions régionales ont eu lieu sur les campus de chaque école. Mario Lethuillier, en 5ᵉ année du département génie électrique, a remporté la finale lyonnaise, le 19 décembre. Il représentera l’INSA Lyon à Paris le 30 janvier, aux côtés de Julien Gomez, candidat coup de cœur.
Mario, vous avez gagné le premier prix et le prix du public en défendant l’affirmation suivante : « Oui, il faut s’en remettre à l’Intelligence Artificielle pour former les talents de demain ». Pouvez-vous nous résumer le contenu de votre plaidoyer ?
Mon plaidoyer défendait l’idée que l’intelligence artificielle est une opportunité extraordinaire pour repenser notre manière de former les talents de demain. J’ai commencé par un constat personnel : le système éducatif actuel, aussi riche soit-il, ne parvient pas toujours à répondre aux besoins individuels des élèves. Trop souvent, les apprenants sont noyés dans une masse d’étudiants recevant un enseignement uniforme, alors que chacun a des aspirations et des rythmes d’apprentissage différents.
C’est là qu’intervient l’IA. Elle pourrait proposer une formation personnalisée, adaptée aux rythmes, aux centres d’intérêt et aux objectifs de chacun. Contrairement à un système figé, l’IA analyse nos forces, comble nos lacunes et nous guide vers l’excellence. J’ai insisté sur le fait qu’en rendant l’apprentissage plus efficace, l’IA nous libère du temps pour explorer nos passions, nous engager dans des activités qui nous tiennent à cœur, et développer notre intelligence émotionnelle.
Certains craignent que l’Intelligence Artificielle ne remplace les enseignants ou déshumanise l’apprentissage. J’ai soutenu qu’il s’agit au contraire d’un complément précieux : l’IA permet d'individualiser. Selon mon plaidoyer, elle ne déshumanise pas ; elle renforce le lien social en permettant aux enseignants de mieux accompagner chaque élève selon ses besoins.
Enfin, j’ai mis en lumière une vérité parfois inconfortable : le système actuel a ses limites. Classes surchargées, professeurs débordés, élèves en détresse… L’IA n’est pas parfaite, mais elle est une réponse concrète et prometteuse à ces défis. Plutôt que de la craindre, j’ai défendu l’idée qu’il fallait l’adopter intelligemment pour construire un avenir où l’éducation est une chance pour tous.
(De gauche à droite) : Julien Gomez (5GI), Clément Millard (2FIMI), Ilian Perrez (2FIMI), Camille Rominger (2FIMI), Pierre Ferraton (4GI), Sacha Duret (2FIMI), Juliette Resch (2FIMI) et Mario Lethuillier (5GE) concourraient à la Finale régionale du Jeudi de l’Éloquence en décembre dernier.
Étiez-vous profondément persuadé, avant de préparer votre plaidoyer, à la véracité de l’intitulé ? Étiez-vous « aligné » avec l’idée que vous deviez défendre ?
Pour ce plaidoyer, je dirais que j’étais aligné avec une grande partie des idées que j’ai évoquées, même si j’ai bien sûr grossi le trait par moment. Effectivement, le but du jeu étant de défendre le « OUI » ou le « NON » à 100 % sans faire de compromis, or la réalité est toujours plus nuancée. Ma technique est d’attaquer le sujet par un angle qui me tient à cœur ou qui me touche afin de me l’approprier et d’y mettre plus d’émotions. Il faut ensuite se convaincre de tout ce que l’on dit pour mieux l’incarner sur scène. Cependant, je sais que, si j’avais dû défendre le « NON », j’aurais aussi trouvé des arguments, car cela fait partie de l’exercice. L’art de l’éloquence implique de maîtriser toute une palette d’outils afin d’attirer l’attention, persuader et convaincre une audience. C’est un savant dosage entre argumentation, clarté du discours, interaction avec le public, mise en scène ou même humour. Il ne suffit pas de faire des figures de style à chaque phrase si le fond n’est pas présent. Avoir une argumentation en béton ne suffit pas, il faut emmener le public avec soi.
Comment avez-vous préparé votre argumentaire ?
Avec mes sept autres camarades ayant plaidé sur scène, nous avions la chance d’être encadrés par deux professeurs géniaux pour préparer ce jour-là : Philippe Bousquet pour la partie théorie, rhétorique et écriture, et Davyd Chaumard pour la partie mise en scène du discours et théâtralisation. J’ai appris comment structurer un discours, être impactant et improviser. Tout est une question de méthode et de clés, que l’on ne nous enseigne pas vraiment ailleurs. Maintenant, cela me parait tellement intéressant et indispensable de maîtriser ces outils. Après avoir appris « ces bases », j’ai pu me lancer dans l’écriture du plaidoyer en ayant une vision plus claire de la méthode à suivre. Une fois écrit, les retours de mes deux professeurs ont été indispensables pour procéder à quelques ajustements. J’ai appris la version finale par cœur, en répétant dans ma chambre, devant mes colocataires ou en me promenant afin de la connaître à la perfection. J’ai d’ailleurs été surpris de la facilité avec laquelle on retient un discours par cœur quand c’est nous qui l’avons écrit et que l’on s’entraîne un peu !
Le jury, composé d’Hélène Descout, Walter Salamand, Sylvie Calabretto, Franck Bizet et Jeanne Lathuile.
Quelles raisons vous ont amené à participer au Jeudi de l’Éloquence ?
J’adore me challenger et me lancer des défis en tout genre : participer au 4L Trophy, faire le tour du Mont Blanc en solitaire, courir un semi-marathon… Quand j’ai pris connaissance du concours d’éloquence l’année dernière via une amie qui y participait, l’idée à commencer à germer dans ma tête. Je me suis dit que je tenterai ma chance cette année. L’éloquence, ou l’art oratoire, était un domaine que je connaissais peu et qui attisait ma curiosité, mon nouveau défi était donc tout trouvé ! Je recommanderai à toutes et tous de s’essayer au jeu. C’est accessible à tout le monde : je n’avais jamais fait de théâtre ni d’éloquence auparavant et me voilà gagnant du concours. Si cela vous tente, n’hésitez plus, foncez !
Bravo à Mario Lethuillier (5GE), premier prix et prix du public, à Camile Rominger (2FIMI), prix coup de cœur du jury lyonnais et à Julien Gomez (5GI), candidat coup de cœur.
Mario Lethuillier et Julien Gomez représenteront l’INSA Lyon lors de la Grande Finale à Paris, le 30 janvier prochain.
Jeudi de l'éloquence • étape INSA Lyon - 19/12/2024