Formación

17 Mar
17/Mar/2021

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L’INSA Lyon à la troisième place du Black-out challenge 2

« Le monde vit une éruption solaire, la population entière est en passe de devenir complètement aveugle. Les médecins sont débordés par une arrivée massive de victimes. La perte de vue multiplie les accidents de la route et toute l’économie mondiale se voit chamboulée car les villes ne sont pas suffisamment adaptées aux malvoyants. La peur gagne toute la population et chacun commence à se confiner : la crise sera sociale, sanitaire et économique. Quel dispositif technique imaginer pour améliorer le retour rapide à une vie normale ? » 

Voici le scénario catastrophe fictif dans lequel Claire, Sidi, Gabriel, Bilel et Thomas ont baigné pendant près de cinq mois. À la rentrée dernière, les cinq étudiants de 3e année d'informatique et 4e année de télécommunications se sont lancés le pari du challenge « Black-out challenge 2 » organisé par l’entreprise Safran. L’exercice leur a permis de sortir de leur quotidien, en réinterrogeant ce que pourrait être la nouvelle normalité en collectif après une catastrophe. Ils racontent.

« Pour un retour à la vie normale »
Le sujet de l’exercice, qui fait volontairement écho à ce que le monde vit aujourd’hui, interroge l’apport de la technique dans un retour à une vie normale alors que la population est devenue aveugle. « Ce scénario incroyable ne nous paraissait plus vraiment improbable, en raison de ce que nous vivions avec la Covid. Le sujet du challenge était pourtant un peu inédit et nous avions champ libre pour innover. Si nous sommes certainement aujourd’hui mieux armés pour affronter un virus, que ferions-nous en cas de pandémie de cécité ? Personne ne s’est encore penché sur la question ! Le monde ne s’attendait à une épidémie mondiale, alors pourquoi une éruption solaire serait-elle impossible ? », annonce Claire Penot.

Pour imaginer une solution technique qui puisse accélérer un retour à la normale en condition d’éruption solaire, les étudiants se sont penchés sur un enjeu que la pandémie a largement questionné : la gestion des flux de personnes. « Notre dispositif s’appelle EnlightenMe. C’est une solution de guidage indoor individuel qui permet de fluidifier les flux de personnes malvoyantes dans des lieux publics clos. Elle consiste en une ceinture capable de guider son utilisateur grâce aux vibrations qu’elle émet. Par exemple, si vous vous trouvez dans un supermarché et souhaitez vous rendre au rayon fruits et légumes, il vous suffira d’ordonner au dispositif de vous y conduire en fonction de l’endroit où vous vous trouvez. La ceinture vibrera dans la direction à suivre, laissant votre ouïe entièrement disponible car c’est un sens très sollicité lorsque la vue ne fonctionne plus », explique Bilel Saghrouchni. 

Se mettre à la place de l’autre
Pour construire leur solution, il leur a fallu saisir les entraves quotidiennes éprouvées par les malvoyants, que les mesures de distanciation ont rendu de plus en plus difficiles à vivre. L’exercice a invité les étudiants à utiliser le plus grand pouvoir de l’esprit humain : l’imagination. « Au tout début, me mettre à la place de quelqu’un qui ne voyait pas m’était complètement impossible ! J’avais même proposé à l’équipe d’expérimenter toute une journée à l’aveugle. Nous avons dû faire un effort de projection qui n’était pas forcément évident, confinés chacun chez soi. Puis j’ai finalement trouvé une personne dans mon entourage qui a perdu la vue et qui nous a aidée à inscrire EnligthenMe dans des conditions réelles », explique Gabriel Fournier.

Pour faire du lien 
La compétition et l’adrénaline ont permis aux cinq élèves-ingénieurs de sortir de leurs quotidiens pandémiques. « La rentrée de septembre a été assez difficile puisque nous n’avions pas l’impression de vivre un début d’année. Je crois que ce challenge a été une ancre autour de laquelle nous nous sommes réunis, qui avait du sens et qui nous motivait. Nos réunions en visioconférence étaient de bons moments, pour une fois ! Cela nous a aussi permis de canaliser notre temps libre, intelligemment. Par ailleurs, nous avons réussi à faire du lien avec le monde de l’entreprise, alors que l’on n’imaginait plus cela possible depuis un an », explique Thomas Dambrin.

La formation en semi-présentiel ayant repris, les étudiants ont moins de temps pour envisager une suite à leur solution. Après avoir remporté la 3e place du podium du concours, ils souhaiteraient tout de même pouvoir faire de leur invention, quelque chose d’utile. « Même si notre système de ceinture téléguidée a été pensé pour répondre à des besoins post-catastrophe, nous pensons qu’il peut peut-être servir pour d’autres finalités. Il y a certainement des idées à réutiliser pour des associations ou des entreprises qui développent des solutions pour les malvoyants. Si l’éruption solaire n’est pas pour tout de suite, autant qu’EnlightenMe serve au présent ! », conclut Sidi Amah.

 

Un élève-ingénieur INSA dans l'équipe gagnante
Tom Lecomte, en 3e année de génie électrique en alternance faisait partie de l’équipe gagnante du challenge Black-out 2. Aux côtés de Tessa Cohen (ESAIL Lyon) et Terence Cohen Solal (prépa physique Champollion), Tom a imaginé un système permettant de « rendre » la vision aux personnes aveugles. Le système « PULSE », qui transforme les informations visuelles via une interface sensitive au niveau du front, a conquis le jury et a gagné la première place. Bravo à eux !